L'on prévoit que Mokhtar Benmokhtar s'attaque à Abou Zeïd, l'auteur du rapt. La tâche se complique et la vie des otages est en danger. L'assassinat du beau-frère de Mokhtar Benmokhtar, comme nous l'avons rapporté dans notre édition d'hier, annonce une nouvelle donne dans l'affaire des otages au Sahel. Des sources sécuritaires, qui suivent de près ce dossier complexe ont confié que la situation va changer dans les prochains jours. Mokhtar Benmokhtar va certainement réagir maintenant que l'autre frange d'Al Qaîda l'a directement provoqué. L'on prévoit, selon une lecture des services de sécurité, qu'il va s'en prendre au tristement célèbre Abou Zeïd et son réseau auteur des multiples rapts qui ont eu lieu dans la région du Sahel depuis 2009. Et c'est ainsi qu'un autre facteur entre en jeu. Les donnes vont, encore une fois changer de cours et la tâche de l'Elysée va être plus compliquée pour tenter de libérer ses ressortissants. Mokhtar Benmokhtar reste un élément fondamental et puissant dans la zone. Dans ce différend né entre lui et Abou Zeïd, c'est la vie des otages qui est en jeu. Nos sources prévoient un horizon assez sombre à l'avenir et la France espère qu'Al Qaîda prenne l'initiative de nouer avec elle des contacts le plus vite possible. Car, n'oublions pas qu'un agent de la DST se trouve parmi les otages. Cela étant, dans la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérie ne souhaite pas jouer le second rôle. Cela pour différentes raisons. D'abord, elle dispose de moyens lourds, tels les blindés, ou les hélicoptères d'attaque, et surtout d'une base opérationnelle à Tamanrasset. Ensuite, l'Algérie a mis en place des brigades de gardes frontières, dont les guides ont une très bonne connaissance du terrain. Sur le plan du renseignement, l'Algérie maîtrise parfaitement les agissements et les mouvements de Aqmi qu'elle combat depuis plus de dix ans. C'est dire que la volonté affichée par Paris afin de coordonner ses actions avec Alger n'est pas une simple affaire. La France a de bonnes raisons de croire que les otages enlevés, y a plus d'une semaine, à Arlit, au nord du Niger, sont encore en vie. C'est ce que soutient le ministre de la Défense français Hervé Morin, dans une déclaration hier. Il souligne: «On a toute raison de penser que les otages français retenus dans le Sahel par Al Qaîda au Maghreb islamique étaient en vie.» Cet espoir a été révélé sans pour autant en avoir la seule preuve formelle. «Nous n'avons pas de preuve de vie en tant que telle» a-t-il affirmé sur les ondes de la radio privée Europe1. Le ministre s'appuie sur la dernière sortie médiatique de la nébuleuse faisant état que cette organisation allait entreprendre des contacts avec le gouvernement français pour un ensemble de revendications: «Al Qaîda a revendiqué cette prise d'otages et a indiqué que dans les jours qui viennent nous aurons des revendications précises et c'est cela que nous attendons», a-t-il ajouté. Il va sans dire que la France souhaite entretenir des pourparlers avec les ravisseurs des sept otages dont cinq Français. Paris est donc bien prête à négocier de nouveau avec les terroristes pour tenter de sauver ses ressortissants, séquestrés au nord du Mali. Que pourrait attendre Al Qaîda? A ce jour aucune revendication n'a été formulée et l'on est toujours sans nouvelles des victimes. Il n'en demeure pas moins que l'on sait qu'Al Qaîda a mis en garde les autorités françaises sur une éventuelle tentative d'intervention militaire, car les choses risquent de devenir plus compliquées, notamment pour la sécurité des otages. «C'est exactement ça que veut éviter la France», nous ont confié des sources diplomatiques. En toute logique, le Quai d'Orsay souhaite s'accorder une marge de manoeuvre pour étudier la situation dans la région. Nul n'ignore l'opacité des donnes qui caractérisent la zone du Sahel d'autant plus que des divergences existent entre les différents réseaux de trafics de tous genres auxquels s'adonnent les contrebandiers et Al Qaîda.