Quoique tombée tardivement, la réaction algérienne a été à la mesure de la gravité des faits. L'ambassadeur algérien auprès des Nations unies, Mohamed-Salah Dembri, a officiellement protesté hier auprès de la Suisse à la suite de l'élection du terroriste Mourad Dhina, à la tête du FIS dissous. Dembri a agi au nom de l'ambassadeur algérien à Genève en cours de remplacement. Cette protestation, formulée de la manière la plus officielle qui soit, intervient plusieurs jours après les faits (l'élection a eu lieu samedi dernier) et près de deux mois après le congrès. La protestation algérienne, qui ne demeurera sans doute pas sans suite, trouve ses justifications dans de nombreux faits troublants que notre ambassadeur n'a pas cessé de soulever dans sa lettre de protestation. «Il ne saurait y avoir de tolérance particulière pour des gens impliqués dans des affaires de terrorisme. Il y a là une perversion des règles du droit humanitaire international.» Cet individu, il faut le rappeler, a été impliqué en 1994 dans une très grave affaire de trafic d'armes de la Suisse en direction de l'Algérie. Il entretient des relations directes et confirmées avec le GIA et le Gspc, deux organisations terroristes et criminelles condamnées officiellement à l'échelle internationale et classées dans les organisations pourchassées par toutes les polices et services secrets de la planète. Pis encore, Dhina, mathématicien de formation, avait demandé l'asile aux autorités helvétiques en 1992. Sa demande avait été officiellement rejetée deux années plus tard. Il n'en continue pas moins d'être «toléré» sur le sol suisse, ce qui donne toute la mesure du double langage que tiennent certains pays européens, à commencer par la Belgique dont les services secrets ont longtemps soutenu et couvert les terroristes islamistes algériens et qui ont couvert de bout en bout le bon déroulement du semblant de congrès d'un parti officiellement dissous en Algérie en 1992. Le même topo, au reste, est à signaler du côté des Américains où Anouar Haddam continue à résider même si sa demande d'asile n'a jamais été acceptée et qu'il a officiellement et publiquement revendiqué le sanglant attentat du boulevard Amirouche qui avait fait 42 morts et plus de 200 blessés. Dembri, dans sa lettre, poursuit pour dire que «les autorités suisses doivent mettre fin à ce système de tolérance. L'Algérie sera très attentive aux mesures que prendra le gouvernement suisse». Il ne s'agit rien moins que d'une mise en garde dans le jargon diplomatique. Notre ambassadeur justifie la hausse du ton de notre diplomatie par ce qu'il considère être «une utilisation exorbitante et abusive des règles d'asile à l'égard d'un mouvement subversif». Ajoutant: «Nous ne pouvons comprendre que le porte-parole du gouvernement suisse ait semblé indiquer qu'il y ait une clause de tolérance appliquée à ce groupe.»