La chambre haute du Parlement, désormais, ne sera plus dominée par un seul courant de pensée... Un second enjeu, d'importance, est lié aux élections locales d'aujourd'hui. En effet, ce scrutin, comme l'indique la Constitution, sera suivi de près par le fameux vote des grands électeurs afin de renouveler les deux tiers de la composante du Sénat. Celle-ci, pour rappel, est composée dans son écrasante majorité de représentants du RND. C'est, du reste, cette donne politique qui a toujours fait que les débats au sein de la Chambre haute du Parlement étaient ternes et sans reliefs. Le repli du parti de Ahmed Ouyahia, sans doute appelé à se confirmer lors de ce scrutin local, ne cessera pas de modifier fondamentalement la carte politique de cette Assemblée presque monopolitique. Jamais, en effet, le RND ne pourra préserver les 80 sièges de sénateurs qu'il détient présentement au niveau de la Chambre haute du Parlement algérien. Ainsi, et même si le sénat promet d'être dominé par le FLN, il ne fait aucun doute que des partis politiques y feront leur entrée alors que d'autres, qui y avaient une présence insignifiante, vont y renforcer leur existence. Ainsi, le FLN, qui détient à peine 11 sièges actuellement devrait tripler au moins cet acquis alors que le MSP, déjà en perte de vitesse, ne pourrait rien faire de plus que de préserver les deux postes sénatoriaux qu'il a obtenus en 97. S'agissant toujours de la mouvance islamiste, une entrée fort remarquée sera sans doute au rendez-vous. A savoir celle du MRN de Abdallah Djaballah. Le FFS, enfin, qui réserve des surprises à l'occasion de ces élections à grands rebondissements, risque fort de doubler, voire tripler, les quatre sièges qu'il détient déjà au sein de l'institution que préside Abdelkader Bensalah. Cette reconfiguration, qui ne fait presque pas de doute aux yeux de tous les observateurs avertis de la classe politique algérienne, devrait rendre plus «attrayants» les débats au sein de cette Assemblée morne. Le Sénat, on s'en souvient, avait été vivement critiqué par Abdelaziz Bouteflika du temps où il était encore candidat à la présidence de la République. Il trouvait anormal, du point de vue de l'expression démocratique, que des représentants des grands électeurs aient plus de poids que des députés élus au suffrage universel que sont les gens siégeant au sein de l'APN. Cette «anormalité», mise en place par la Constitution de 96 afin de prévenir des dérapages comme celui de 91-92, s'était révélée être une arme à double tranchant, assurant une hégémonie sans partage du RND sur cette institution. Sans doute n'était-il que temps que les choses changent, et évoluent vers une configuration plus conforme aux réalités politiques de notre pays.