Les Centrafricains ont encore créé la sensation en battant l'Algérie, dimanche 10 octobre à Bangui, en éliminatoires de la CAN 2012. Leur sélectionneur français, Jules Accorsi, s'avoue surpris lui-même mais se découvre de l'ambition à présent que la RCA est en tête de son groupe. C'est une sacrée performance d'avoir battu l'Algérie, récente mondialiste, n'est-ce pas? Je savais qu'il y avait du potentiel dans mon équipe. Après le match du Maroc, j'avais été agréablement surpris par mon équipe mais là, aujourd'hui, ils m'ont époustouflé en dominant pratiquement de bout en bout une équipe d'Algérie qui en était réduite à défendre. On s'est créé deux ou trois belles occasions en première mi-temps qu'on n'a pas réussi à concrétiser et puis on a terminé très fort avec deux buts dans les vingt dernières minutes. Votre équipe a usé les Fennecs? Ils ont joué un peu à l'économie, pensant qu'on allait peut-être se fatiguer. Mais mes joueurs ont tenu les 90 minutes. Ils ont voulu nous faire courir en gardant le ballon derrière et en procédant par de longues balles devant. Mais j'avais une défense très bonne dans les airs qui a repoussé tous les ballons. A partir de là, notre milieu est arrivé à concrétiser et à trouver les attaquants. C'est comme cela qu'on s'est créé nos deux ou trois belles occasions en première mi-temps et puis autant en deuxième mi-temps. Finalement, on a réussi à conclure en marquant deux buts de belle facture. Vous vous attendiez à compter quatre points après les deux matchs au Maroc et devant l'Algérie? Je suis un peu surpris, bien sûr! Quand j'ai pris mes fonctions, il y a seulement deux mois de cela, je ne savais pas où je mettais les pieds. J'ai réalisé un amalgame très rapidement avec les joueurs évoluant en Europe que j'ai eu deux ou trois jours avant le match contre le Maroc. Ces joueurs-là n'évoluent pas dans de très grands clubs, mais on a réussi à faire un groupe compact, très soudé et discipliné. On a réussi à faire un résultat à Rabat et là, on confirme. Je suis époustouflé par la manière dont ils ont conduit le match. Il y a un dicton qui dit «ce que l'on peut rêver, on peut le réaliser» alors on en a tous rêvé. Et finalement, on a réussi à le réaliser ce rêve. Maintenant, tout le monde est heureux. La Centrafrique qui était 202e au classement FIFA au mois de juillet (Ndlr et dernière nation africaine) va se retrouver peut-être à la 120e ou 130e place après ce match contre l'Algérie! Est-ce que ce résultat vous donne de l'ambition? Oui, oui. Je commence à rêver à une qualification à une phase finale de la CAN, d'autant que nous sommes premiers du groupe maintenant. A présent, nous avons du temps pour bien préparer les deux prochains matchs contre la Tanzanie (Ndlr 23-25 mars à Dar Es Salam, 3-5 juin à Bangui) avant de rencontrer à nouveau l'Algérie et le Maroc. A chaque jour suffit sa peine, mais c'est vrai qu'on rêve à une participation à la CAN 2012. Quels sont les atouts de votre équipe? C'est le mental. Ce sont des garçons qui ont envie de se montrer. Pour la plupart, ils ne jouent pas dans de grands clubs. Il y en a beaucoup qui évoluent ici en Centrafrique, d'autres dans des clubs africains, mais qui ne sont pas de grands clubs. Les «Européens» évoluent pour la plupart dans des clubs de deuxième ou de troisième division, mais avec tout ça, on a réussi à faire un amalgame solide, percutant et puis voilà! Quelle est l'ambiance à Bangui? C'est de la folie! A la fin du match, c'était incroyable, je n'avais jamais connu ça. Pourtant, j'ai fréquenté pas mal de grands stades, j'ai vu pas mal de réactions après des victoires. J'ai gagné la Coupe de France avec Bastia en 1981 et c'était déjà la folie. Mais ce que j'ai vu ce soir, cela dépasse tout entendement! Les Centrafricains sont plus festifs que les Corses? C'est-à-dire que les Corses avaient déjà été gâtés avec le parcours de Bastia en Coupe de l'Uefa (Ndlr, le SEC Bastia est allé en finale de C3 en 1978), mais les Centrafricains étaient privés de football de haut niveau depuis très très longtemps. C'est même leur première participation à une qualification pour une éventuelle phase finale. Mais on reste quand même modeste car on fait avec les moyens du bord. La Centrafrique n'a même pas un équipementier! Nous sommes obligés de tout acheter, nous n'avons pas de sponsors, pas d'équipementier, rien!