L'Expression est classé aujourd'hui parmi les cinq premiers quotidiens nationaux. Je sais que notre succès dérange. Le syndicat de la Simpral, qui imprime, chaque jour, pas moins de 17 quotidiens, a décidé de faire grève, mardi prochain, pour exiger le paiement de ses créances. Celles-ci, à voir la longue liste des journaux endettés, s'élèveraient à plusieurs dizaines de milliards de centimes. La situation devient intenable pour le directeur général de la Simpral, Mohamed Aïssiouane et l'équipe de cadres techniques qui l'entoure lorsque l'on sait la somme d'efforts quotidiennement investis pour assurer, de façon miraculeuse, le fonctionnement de l'imprimerie avec une rotative Roockwell, vieille de vingt ans. Mohamed Aïssiouane a fait montre, jusqu'ici, d'une grande disponibilité avec tous les titres dont la plupart traînent une dette ancienne d'au moins cinq années. En tirant la sonnette d'alarme, le syndicat de la Simpral choisit aussi de révéler les vrais chiffres sur les vrais endettés ainsi que sur leurs capacités de paiement par rapport à leur santé financière. La liste de ces confrères endettés - que je détiens - se passe de tout commentaire! Pour la plupart d'entre eux, je dois avouer que dans un système économiquement normal, ils auraient été contraints, depuis longtemps, au dépôt de bilan car ils sont incapables, même avec un échéancier à long terme et complaisant, de pouvoir apurer le dixième de leurs dettes pour la simple raison que leurs entreprises ne sont pas viables économiquement. De très faible audience, ces journaux, déjà vieux d'au moins sept ans, ne dépassent guère, pour le meilleur d'entre eux, un tirage de 8000 exemplaires par jour sans relever le fait, également, qu'en matière de recettes publicitaires, leurs résultats sont presque nuls. Ceci expliquant cela. Jusqu'à quand, à quel prix et avec quelle corne d'abondance faudrait-il encore maintenir en vie le moribond? Quant à la subvention d'aide promise par l'Etat aux journaux, elle ne doit, en aucun cas, servir à assurer la parution de journaux boudés par le lectorat. Ils sont nombreux, aujourd'hui, en Algérie, ces titres dont le tirage ne dépasse pas les 3000 exemplaires. Quant à leur vente, elle est pratiquement insignifiante puisqu'elle frôle à peine les 20 %. A quoi donc peut servir un journal qui tire à 3000 exemplaires par jour et qui n'en vend que 600? Malgré toutes les difficultés à recouvrer leurs créances, les travailleurs de la Simpral ont renouvelé une partie de leur équipement et ont même procédé à l'acquisition d'une nouvelle machine. Un tel exemple dans une entreprise publique mérite d'être relevé pour ses formidables capacités de gestion. Le quotidien L'Expression imprime, depuis bientôt deux ans, sur les rotatives de la Simpral. Depuis un an, notre tirage national oscille entre 60.000 et 70.000 exemplaires/jour avec un taux d'invendus de 20 à 25 %. L'Expression est classé aujourd'hui parmi les cinq premiers quotidiens nationaux. Je sais que notre succès dérange. Et c'est ce qui explique certaines attaques larvées de confrères sur de prétendues dettes non réglées à la Simpral. A mon tour, je ne m'encombrerai plus à l'avenir de quelque entorse à l'éthique pour faire éclater la vérité et révéler des choses très.... croustillantes sur la vie cachée de certains journaux et de leurs promoteurs! L'Expression a réussi son pari grâce à son équipe de professionnels. Sa percée sur le plan médiatique explique aisément aussi son succès en matière de recettes publicitaires avec pas moins de huit pages d'annonces quotidiennes provenant presque exclusivement du secteur privé. A l'instar des au-tres journaux nés depuis ces trois dernières années, nous devons reconnaître que nous avons bénéficié de l'appui et des encouragements de M.Abdelkader Khemri, DG de l'Anep et du GPC. L'Anep, organisme étatique, a aussi choisi L'Expression comme support publicitaire avec, en moyenne, trois quarts de page chaque jour. Je reconnais, à la décharge de M.Abdelkader Khemri, que les difficultés rencontrées par certains journaux ne sont pas imputables à sa gestion. Il a eu l'insigne honneur et le courage intellectuel d'avoir su garantir à tous les quotidiens une parution régulière, et d'avoir aussi évité d'en suspendre certains pour non-paiement de leurs dettes. Je sais qu'avec les représentants de l'Etat, il a ferraillé durement pour que les bateaux transportant le papier arrivent à quai anticipant ainsi sur toute menace de rupture de stocks qui se traduirait par la non-parution de la presse ou par la réduction de son tirage... Vis-à-vis de tous les directeurs de journaux, il a été un interlocuteur sensible et perspicace pour les aider à surmonter des situations conjoncturelles. La difficulté majeure que rencontre, aujourd'hui, Khemri réside dans le fait que la totalité des annonceurs de l'Anep proviennent du secteur public et procèdent avec beaucoup de retard au règlement de leurs dettes. Ce qui, inévitablement, se traduit à son tour par le non-paiement par l'Anep des insertions qu'elle publie dans les journaux. C'est la raison pour laquelle certains éditeurs ont exigé comme condition pour apurer leurs dettes vis-à-vis de la Simpral que l'Anep procède d'abord et avant toute chose au règlement de leurs créances. Juridiquement, rien ne s'oppose à ce que cette demande ne soit pas prise en considération car, aussi bien l'Anep que la Simpral relèvent du Groupe de Presse et Communication (GPC). Voir fac-similé adressé par L'Expression à M.Khemri. Pour le cas de la Simpral, le quotidien L'Expression s'est déjà acquitté de 10 % de sa dette, soit 7 millions de dinars en s'engageant à en apurer sa totalité, et à la minute même, lorsque l'Anep et l'AME-Centre (distribution de journaux) consentiront d'abord au règlement de leurs dettes sur les créances de L'Expression, soit près de 30 millions de dinars jusqu'à fin septembre 2002. Une deuxième proposition a été faite par L'Expression au GPC. Elle consiste carrément, par simple jeu d'écritures comptables, à déduire nos créances de nos dettes. En conclusion, et en toute transparence, l'Anep et l'AME Centre doivent 30 millions de dinars à L'Expression. Sur les 70 millions de dinars de factures impayées à la Simpral, mon journal a déjà versé 7 millions de dinars. Nos dettes vis-à-vis de la Simpral ne s'élèvent plus qu'à 63 millions de dinars. Le GPC (Anep et AME) détiennent 30 millions de dinars de nos créances en matière de pub et de vente de journaux. En définitive, nous ne sommes redevables à la Simpral que de 33 millions de dinars. Nous sommes le journal le moins endetté de la presse algérienne. Nous défions quiconque d'affirmer le contraire. Nous soutenons la grève de la Simpral et nous exigeons que soient révélés, par cette imprimerie, les montants des dettes de tous les journaux que nous connaissons parce que nous en détenons la liste. Affaire à suivre.