Cette localité vivait en marge de la loi depuis de trop nombreuses années. La commune d'El-Harrach, tous quartiers confondus, donnait l'air de vivre en marge de cet événement. Les bureaux de vote que nous avons visités demeuraient désespérément vides. Ou presque. Les citoyens croisés dans les cafés ou autres lieux publics, parlaient de tout sauf d'élections, si ce n'est pour se lancer des boutades bien senties. Dans les bureaux, un calme plat a continué de régner tout au long de la journée jusqu'à la clôture officielle du scrutin. Le taux de participation, dans les bureaux que nous avons pu visiter n'a guère excédé les 30 %. Les quelques citoyens croisés dans les bureaux n'ont pas caché leur «incrédulité» aussi bien par rapport aux résultats que par rapport aux actions des futurs élus. Des policiers rencontrés sur les lieux se sont, quant à eux déclarés désolés de ne pouvoir voter. Contrairement aux législatives et à la présidentielle où les mandats nationaux permettent aux corps constitués de voter, où ils sont cantonnés, les élections locales les obligent à voter dans leur lieu de résidence. Bien peu ont trouvé le temps et les moyens d'établir des procurations à leurs proches avant le jour J. El-Harrach, commune pauvre et populeuse, a réagi comme beaucoup de quartiers similaires dans la capitale. Les citoyens croisés dans les bureaux de vote se sont accordés à nous dire qu'ils ne croyaient pas trop à leur geste. Du côté des surveillants et des organisateurs, le ton est à l'optimisme puisqu'en effet, le scrutin s'est déroulé de bout en bout dans des conditions très acceptables. Aucun incident notable n'est à signaler. Cette commune, il faut le souligner, est très spéciale. Elle a tout fait, ou presque, pour éloigner les citoyens, indirectement s'entend, du chemin des urnes. Après avoir souffert de la mauvaise gestion de l'ex-FIS, elle a été saignée par le DEC de l'époque avant de tomber entre les mains du RND. Ce dernier, semble-t-il, n'aurait guère fait mieux. Une bonne partie des membres de cette APC, en effet, se sont retrouvés en prison. Depuis, la commune est gérée par un représentant de l'Etat. Ce statu quo perdure depuis trois longues années alors que la loi prévoit que cette situation, ne doit en aucune manière, durer plus de deux mois. Des élections partielles n'ont jamais eu lieu. El-Harrach n'a jamais été gérée par les élus du peuple.