Les accès aux trois dépôts du Mans, de La Rochelle et de Donges ont été dégagés dans la nuit par les forces de l'ordre, mais le dernier a été aussitôt rebloqué. Nicolas Sarkozy a affirmé hier qu'il avait ordonné le déblocage de «la totalité des dépôts» de carburants «afin de rétablir au plus tôt une situation normale», dans une déclaration au Conseil des ministres, dont une copie a été remise à la presse. Le président français a répété que la réforme des retraites irait «à son terme», en dépit de la contestation très forte et il a mis en garde contre les conséquences des grèves sur l'emploi et l'activité économique, dans un communiqué de l'Elysée. «Pour des millions de nos concitoyens, les transports constituent une question vitale. Il s'agit là d'une liberté fondamentale. Ces derniers jours, beaucoup de Français ont vu leur vie quotidienne perturbée par des problèmes d'approvisionnement qui ont touché une partie des stations-service», a déclaré M.Sarkozy. «J'ai donné hier des instructions pour débloquer la totalité des dépôts de carburants afin de rétablir au plus tôt une situation normale», a-t-il affirmé. Trois dépôts de carburant - à Donges (Loire-Atlantique), au Mans et à La Rochelle - ont été débloqués par les forces de l'ordre, dans le calme, dans la nuit de mardi à mercredi. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a prévenu hier que les forces de l'ordre continueraient «à débloquer autant que nécessaire les dépôts» de carburants. Plusieurs membres du gouvernement sont montés au créneau hier pour rassurer les Français sur la pénurie de carburant. Au lendemain de la réunion de crise à l'Elysée sur le problème des carburants, les ténors de l'UMP étaient mobilisés hier pour montrer la fermeté du gouvernement sur la question. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a insisté sur le fait que «La situation actuelle ne saurait durer sans de graves conséquences pour notre pays». Dénonçant des «actes inacceptables et irresponsables», le ministre, qui préside la cellule interministérielle de crise activée lundi pour répondre à la pénurie de carburants, a confirmé le déblocage de trois dépôts hier. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a assuré lui qu'il «ne laissera pas bloquer le pays» par les piquets de grève dans les dépôts de carburants. «Manifester est une chose, bloquer en est une autre. Manifester oui, bloquer non», a-t-il lancé sur RTL. Occupé depuis vendredi dernier, le dépôt pétrolier du Mans (Sarthe) a été débloqué sans incident par des CRS à cinq heures du matin hier. Une soixantaine de personnes participaient à ce blocage, parmi lesquelles des militants CGT et FO ainsi que des enseignants Sud et FSU. Les accès au dépôt pétrolier de La Pallice à La Rochelle (Charente-Maritine), bloqués depuis jeudi par des manifestants dénonçant la réforme des retraites, ont eux aussi été dégagés par les forces de l'ordre, dans la nuit de mardi à mercredi. Les douze raffineries françaises ont été touchées par la grève et plusieurs dépôts de carburants ont également été bloqués, étendant les problèmes d'approvisionnement en carburant à l'ensemble du territoire de la métropole. Près d'un tiers des stations-service de France étaient en panne de carburant mardi, a annoncé le gouvernement. Des opposants bloquent le dépôt de carburant Total de Ouistreham, à 15 km de Caen sur le littoral, qui était resté libre d'accès lundi et mardi. Ce dépôt avait été bloqué vendredi avant que les militants ne quittent les lieux à la demande des forces de l'ordre. Le dépôt de carburants du port de commerce de Brest a, lui, été bloqué mercredi matin par plus de 250 manifestants et les forces de l'ordre sont sur place. Toutefois, les manifestants étaient toujours mobilisés hier contre la réforme des retraites. Après les déclarations faites hier matin par Brice Hortefeux sur le déblocage des dépôts de carburant, la situation s'est tendue aux abords des raffineries touchées par des piquets de grève. Après l'entrée dans le mouvement de contestation des lycéens et des étudiants - ils étaitaient 180.000 jeunes dans les rues mardi, selon le syndicat étudiant (Unef) - la situation s'est quelque peu radicalisée alors que partout en France on observait hier la paralysie des transports, grèves dans les aéroports en sus du blocage des dépôts de carburant. La manière forte employée par le président Sarkozy pour briser le mouvement de protestation contre la réforme des retraites ne semble pas avoir donné des résultats. Bien au contraire, au regard de la paralysie qui touchait hier une partie de la France.