La désormais voilée et mariée depuis mai dernier, a cassé la baraque, jeudi dernier, en déclarant sa flamme à l'Algérie. Ils étaient plus de deux mille personnes à s'être déplacées à la salle Atlas pour voir, écouter et vibrer au son de la «Zik» de la rappeuse française d'origine chypriote Diam's. La salle Atlas ne pouvait en, effet, contenir tout ce beau monde, un jeune public en majorité dont des enfants en bas âge. La salle de Bab El Oued s'est transformée quasiment, en l'espace de quelques heures, en garderie avec des enfants qui couraient dans tous les sens en attendant de voir la star du rap français faire son apparition, car le concert a débuté avec presque une heure de retard. La salle a littéralement vibré. Le public piaffant d'impatience tapait du pied à l'unisson avant et pendant ce délirant concert marqué par une assistance fort nombreuse où d'aucuns brandissaient des banderoles avec dessus, le nom de Diam's. La chanteuse qui revient en Algérie après son dernier concert donné en 2007, amène dans ses bagages, pas seulement des chansons, mais des idées et un projet fort ambitieux. Elle en parle lors de la miniconférence qu'elle a animée juste avant de monter sur scène jeudi soir. L'artiste au grand coeur a lancé une association «Big up» qu'elle espère transformer plus tard en fondation. Celle-ci compte venir en aide aux enfants abandonnés en Afrique. C'est en baggy et tee-shirt XXL portant le sigle de cette association, ainsi que celui du drapeau national que Diam's mettra, en préambule, le feu à l'Atlas. La venue de Diam's en Algérie revêt un caractère profondément «humanitaire». D'ailleurs, elle a invité les gens à se rapprocher de son site Web www.bigup-project.org, pour de plus amples informations. Elle avouera être déjà venue en Algérie en cachette pour voir ce qu'elle avait à faire ici. Elle est aussi en train d'écrire un livre pour raconter toute la période noire par laquelle elle est passée. A propos du port du voile, Diam's refusera d'aborder le sujet. Elle a reconnu par ailleurs, que son regard sur la musique a changé et gagné en maturité. Son nouvel album a-t-elle dit, est un retour sur sa vie, tout en indiquant qu'elle «va bien et existe encore». Diams «se fiche» du regard que peuvent porter sur elle les autres et même si elle a perdu entre-temps des fans. Mue par un farouche désir de chanter et d'oeuvrer pour le bien autour d'elle, telle est la mission que semble s'être tracée aujourd'hui Diams. En témoignent les titres de son dernier album SOS. Partagée entre les anciens tubes et les plus récents, Diam's offrira au public une large palette de son riche répertoire fait de chansons d'amour, de rébellion mais aussi d'un engagement contre le Front national et la politique de Sarkozy qu'elle n'hésitera pas à épingler à plusieurs reprises. Diam's, qui entame sa tournée internationale par l'Algérie, dira tout son attachement pour notre pays. Accompagnée d'un guitariste et d'une choriste, elle revisitera aussi certains titres en rythmes africains. L'Afrique, un continent sur lequel elle compte déployer toute son énergie via son association pour la protection de l'enfance défavorisée en Afrique par un soutien à des centres d'accueil de jeunes en difficulté et la mobilisation de la population locale. «L'Afrique où j'ai posé mes bagages en de nombreuses fois et qui est très présente dans mon nouvel album» Dans ma bulle, Laisse moi kiffer, SOS, La boulette, etc. autant de titres qui font danser. «La France à moi est belle... comme les Algériennes» fera-t-elle remarquer avec sur le dos, le drapeau algérien qu'elle ne cessera de brandir, tout comme elle ne cessera de communiquer avec le public en parfaite complicité en sollicitant toujours son sourire, mais aussi ses bras et ses pieds pour bouger comme cela se fait ailleurs où les concerts ont eu lieu sans chaises...Elle dédicacera aussi sa musique aux familles algériennes qui sont en France et avoue clairement ne pas aimer le président français. Paroles assassines rehaussées d'un air mélancolique, Diams s'en prend à Marine Le Pen dans une chanson anti-FN. «En France, n'y a plus de paix, plus d' amour, presque plus de valeurs. Les valeurs sont présentes ici en Algérie!», scande-t-elle. Quand elle appelle à l'enfant qui sommeille en nous, Diam's fait sensation en redevenant petite fille. La salle Atlas se transforme en une crèche géante. Et de finir le morceau Moi je veux pas être grande, non, non avec ce One two tree viva l'Algérie, légendaire, que Diam's entonnera la première fois en direct lors de la cérémonie de NRJ Music Awards puis sur la Croisette à Cannes, cette année. Une partie des chansons de Diam's sont tout de même pleines d'amertume, témoin de son passage à vide l'an dernier. Ça parle de solitude, où il y a «des jours comme ça» où tout va mal. Heureusement que l'amour prend le dessus en fin de soirée, où régnait une émotion palpable.