Deux événements ont secoué ces derniers jours la mouvance islamiste radicale de l'ex-FIS. Premièrement, et durant la dernière semaine, les «leaders d'Alger» de l'ex-FIS ont multiplié les contacts avec leurs sympathisants et leurs ex-représentants au niveau des wilayas. Ces démarches avaient pour but de faire pièce à l'élection de Mourad Dhina, mieux, de le discréditer auprès de la base islamiste. Pour cela, les arguments ne manquent pas, et il n'est que voir le profil bas affiché par le «consultant en informatique» installé à Genève, pour se rendre compte que le forcing exercé par le «groupe d'Alger» a été «opérant». La démarche de Dembri, représentant algérien auprès de l'ONU, et les mesures restrictives décidées par les autorités helvétiques à l'encontre de cet exilé «encombrant», ont profité au groupe d'Alger, qui, de fait, fait état de «l'improbabilité de ce représentant d'honorer un quelconque engagement au vu des contraintes qui lui sont imposées.» Autre mesure dont il faut tenir compte, c'est la vive protestation formulée par Ali Benhadj après la diffusion d'une émission télévisée l'impliquant directement dans des appels au meurtre qu'il aurait lancés. Pour l'ex-enfant terrible des salafistes algériens, c'est une phrase qui a été «décontextualisée» et placée dans un «agencement pernicieux» dans le but apparent de lui porter atteinte «à quelques mois de sa libération». Selon les propos de son frère, une protestation «expresse» a été formulée auprès du directeur de l'information de l'Entv, en fin de semaine. Le passage qui a soulevé la colère des proches de Ali Benhadj est celui où on le voit, en kamis et chéchia, demander des armes pour pouvoir combattre l'ennemi. Passage choisi après celui où on le voit en treillis militaire, en compagnie des autres leaders du FIS, à la «table des négociations» avec le général Khaled Nezzar. Le passage est d'autant plus suggestif, qu'il précède des séquences montrant des islamistes dans des camps d'entraînement, s'initiant aux techniques de guerre. Pour les proches de Benhadj, les passages choisis ne sont pas anodins et relèvent d'une «volonté de mettre en pièces les derniers morceaux de ce qui reste du parti». Ces deux événements, qui ont été passés sous silence, mais dont toute la rue islamiste parle, sont, en fait, un bon indicateur de l'évolution du salafisme radical en Algérie. Car, il faut bien convenir que ni la «mouvance constitutionnelle» représentée par le MSP de Mahfoud Nahnah, ni la «mouvance légaliste» menée par le MRN de Abdallah Djaballah ne peuvent constituer un parfait «indicateur de gestion». Le salafisme pur et dur représenté par les tenants d'un islamisme radical et résolument opposant, reste la hantise des services de sécurité, car le seul à pouvoir porter le danger au coeur de la société. Cependant, l'ex-FIS est loin de représenter cet ultime écueil. Les derniers développements «en sous-sol» dessinent de manière claire un état de délabrement avancé de la maison de l'ex-FIS. Le porte-parole et numéro 1, Abassi Madani, a été discrédité et désavoué après l'épisode du congrès bruxellois. Les ex-chefs de guerre de l'AIS ont affiché leur prépondérance et leur «détachement» vis-à-vis des politiques du groupe Djeddi-Guemazi. Enfin, ceux qui comptent sur la libération de Benhadj pour recoller les morceaux devraient prendre en compte que ni le contexte, ni la base militante, ni les données sociales et politiques, ne seront plus là, pour au moins une longue durée, pour faire revivre ces morceaux épars...