Abdallah Djaballah vient de briser un tabou en décidant d'ouvrir le débat sur une éventuelle alliance avec d'autres partis politiques avec lesquels il ne partage pas toujours les fondements stratégiques. Il a réuni sa commission électorale en l'élargissant aux chefs de bureau de wilaya et aux nouveaux élus. En ouvrant le débat interne sur une éventuelle alliance, il doit avoir déjà tranché la faisabilité, confient certains observateurs sans préciser la nature de cette alliance. Cependant, vu le nombre de sièges en ballottage dans la moitié des communes, l'alliance peut s'avérer bénéfique pour El-Islah qui ne dispose que de 39 communes et est en ballottage dans 59 au- tres. C'est dire l'enjeu de cette option. Mais la question qui reste en suspens est la suivante: avec qui compte-t-il s'allier? Avec le FLN, bien naturellement et pour plusieurs raisons. Le FLN, qui est en ballottage dans 323 communes et en préside 668. Et le FLN ne veut pas gérer tout seul afin d'éviter la débâcle lors des prochaines échéances électorales. Par ailleurs, le FLN n'est pas considéré par El-Islah comme un adversaire politique intraitable. Rappelons que les accointances entre les militants de l'ex-Ennahda et ceux du FLN ont abouti à une alliance tacite qui s'est soldée par l'entrée au gouvernement sans l'aval de Djaballah. Mais il faut savoir que ce parti ne s'alliera ni au RND, auquel il ne reconnaît même pas l'existence légale de parti politique accompli, ni au MSP qui a chassé de tout temps sur son propre terrain. De toutes les façons, ces derniers n'ont pas grand-chose à négocier. A eux deux ils réunissent 254 APC en ballottage. En allant à une négociation avec le FLN, El-Islah tentera de faire une percée au Conseil de la nation. Car, en cédant sur les communes et sur certaines APW, il bénéficiera de sièges au Sénat. Il a déjà un siège acquis à Skikda. Sur un autre angle, Djaballah veut aller vers le contact direct avec les citoyens afin de voir de plus près les préoccupations qui font mordre pendant les campagnes électorales. Profitant de la déroute de son rival le MSP, il ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. Il compte mettre les bouchées doubles en entrant de plain-pied dans les institutions qui lui étaient jusque-là interdites.