L'UE demande à ses partenaires commerciaux de respecter leurs engagements et de lever les barrières protectionnistes. Les principaux partenaires commerciaux de l'Union européenne, dont l'Algérie, ont mis en place plus de 330 mesures de restriction des échanges depuis le début de la crise financière et économique en 2008. Et cela ne plaît pas du tout à ce regroupement régional. La Commission européenne vient d'éditer un rapport soulignant que, malgré la reprise économique et contrairement aux engagements du G20, à peine 10% de ces mesures ont été supprimées entre-temps. À l'approche du sommet du G20 à Séoul, la Commission européenne invite ses partenaires commerciaux à lever les restrictions restantes afin de ne pas freiner la relance. L'Algérie est le treizième partenaire de l'UE, selon Eurostat, en 2009. Elle y exporte essentiellement des hydrocarbures. Le total de ses exportations vers la communauté européenne a régressé de 20,8 milliards d'euros en 2005 à 17,3 en 2009. Les importations algériennes ont augmenté de 10,4 à 14,6 milliards. Pour l'UE, ces chiffres représentent à peine plus de 1% de ses échanges avec le reste du monde contre 50% pour l'Algérie, ce qui donne un aperçu de la différence de perspective entre les deux partenaires. 97% des exportations sont composées d'hydrocarbures ne représentant que 6% des importations de l'UE en comparaison avec ses livraisons effectuées pour le reste du monde. Mais la proximité des deux entités suffit à exacerber les passions. Ce n'est pas la première fois que l'UE s'élève contre les mesures prises par l'Algérie pour protéger son économie. C'était déjà le cas à l'été 2009 à l'occasion de publication de la loi de finances complémentaire de la même année. A l'époque, l'objectif de l'Algérie était de réduire ses transferts de devises à l'étranger. En 2010, il s'agit plutôt de passer à l'application des mesures concernant le secteur industriel en imposant la règle des 51%/49%, appartenant respectivement aux nationaux et aux étrangers, dans le capital des entreprises. L'Union européenne n'est pas du même avis que l'Algérie. Karel De Gucht, commissaire européen au Commerce, a déclaré que la reprise économique étant encore fragile, les grandes économies mondiales doivent lever les mesures de restriction des échanges qui entravent la croissance. «Nous devons supprimer ces obstacles, afin que l'économie mondiale se redresse. Le G20 devra endosser un rôle de chef de file sur cette question lors du sommet de Séoul», a-t-il dit lundi dernier. Le but étant d'empêcher une aggravation du protectionnisme commercial.Le rapport porte sur trente partenaires commerciaux de l'UE et couvre la période de deux ans, comprise entre octobre 2008 et septembre 2010. Les mesures décrites vont des barrières commerciales classiques, telles que les interdictions d'importation ou l'augmentation des droits de douane, aux politiques incitant à acheter les produits nationaux et autres politiques appliquées derrière les frontières. Le rapport indique que nombre de nouveaux obstacles deviennent rapidement des caractéristiques pérennes du système commercial mondial et qu'ils risquent d'entraver la reprise économique. Ces caractéristiques se retrouvent dans le modèle économique algérien, mais le gouvernement n'entend pas succomber à ces critiques. Ouyahia a déjà dit qu'il ne reculerait pas. Il fait mieux. Il avance en instituant, sans cesse, de nouvelles mesures de protection de l'économie nationale. Le rapport de l'UE concerne, entre autres, l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, le Canada, la Chine, les Etats-Unis, le Japon, la Russie, la Suisse et Taïwan. Parmi les pays soumis à l'enquête, la Russie apparaît de nouveau comme le partenaire commercial ayant fixé le plus de mesures de restriction des échanges depuis le début de la crise. Cette tendance est accentuée par des initiatives politiques prônant le remplacement des importations. La politique d'incitation à l'achat de produits nationaux continue de susciter les préoccupations de l'UE du fait des nouvelles mesures prises par le Brésil.