Fidèle à sa réputation, l'Afrique du Sud nous a été dévoilée dans sa vérité faite de cruauté et de tensions. Le public tunisois continue, depuis le 23 octobre derniers à affluer massivement vers les différentes salles de cinéma abritant la 23e édition des JCC. Tunis ça vit, ça bouillonne et ça voit des films. Enfin, surtout durant cette période de l'année, nous a-t-on fait savoir. Le programme tracé pour cette année est encore plus riche. Le spectateur a l'embarras du choix, entre films yougoslave, coréen, mexicain et bien entendu les films en compétition entre documentaires, courts et longs métrages. Dans cette dernière catégorie, les Tunisois ont fait connaissance la semaine dernière avec deux puissants films narrant le quotidien du pays ayant abrité cette année la Coupe du Monde de foot. L'Afrique du Sud, fidèle à sa réputation, a été dévoilée à nous dans sa vérité faite de violence et de tensions. Le premier film intitulé State of violence est du réalisateur Khalo Matabane. Bobedi, devient P-DG d'une grande société minière à Johannesburg. Après avoir fêté l'événement avec sa femme, Joy et ses amis, sa femme et lui sont victimes d'une attaque violente et Joy est assassiné. C'est la descente aux enfers. Bebedi perd pied et retourne aux origines du malheur de l'époque, où il était surnommé la terreur. Ce film part du constat que cette violence qui régente l'Afrique du Sud est une résultante des exactions menées contre l'apartheid comme stigmates et traumatisme ancré dans la société. La société sud-africaine paie encore le lourd tribut de son passage à guérison et ses profondes plaies psychologiques. En effet, ce P-DG respecté, redevient ce sale gosse à qui on a fait un jour passer un test en brûlant un innocent pour entrer dans la communauté. La vengeance semble la seule alternative. Un cercle vicieux sans fin. Cette phrase éloquente de sa mère à qui il rendra visite après avoir renoué avec sa famille, est à méditer: «Tu n'as fait que tuer ton frère!» lâches t-elle avec cynisme. Une phrase qui semble s'adresser à tout le peuple sud-africain qui s'entredéchire. Shirley Adams de Olivier Harmanus, est un autre film de veine dramatique mettant en scène une mère courage obligée de s'occuper de son fils handicapé après avoir reçu une balle dans le dos. Shirley a été abandonnée par son mari et est contrainte de venir seule en aide à son fils qui n'a de cesse de tenter de se suicider. Ce film puissant raconte la violence encore une fois, dans ce pays, sans la montrer mais en la suggérant. Celle-ci est présente tout de même en filigrane, déclinée sous les traits de cette femme placide qui se soumet à ce funeste destin avec abnégation. Ce film triste, mais fort cinématographiquement parlant, a été réalisé faut- il le noter par un jeune réalisateur d'à peine 25 ans à l'aide d'une simple mini- caméra vidéo. Les plans du film suggèrent l'intimité. La caméra de ce jeune réalisateur reste pudique, elle nous fait pénétrer malgré nous dans un monde où la générosité est plus que nécessaire pour exister. Un film puissant. Pas étonnant que la comédienne Denis Newman qui campe Shirley obtienne le Prix de la meilleure interprétation féminine. Croisons les doigts!