Azouz Begag, auteur d'une trentaine de livres dont des romans et des essais, s'est dit faire partie des écrivains issus du peuple et qui, en écrivant, veulent parler au peuple. Comme il fallait s'y attendre, l'ancien ministre du gouvernement français Azouz Begag, a constitué la grande vedette du Salon international du livre. Jeudi dernier, il était très attendu à la salle des conférences du Pavillon C. La salle était pleine à craquer et certains présents étaient contraints de suivre la conférence debout. Azouz Begag est certes un ex-ministre français mais surtout un écrivain de talent d'origine algérienne et fier de l'être comme il l'a réaffirmé à maintes reprises lors de son intervention, jeudi, devant un public content d'être en face de cet homme qui a raconté ses souvenirs d'enfance dans un roman très original débordant d'humour et de nostalgie. C'était dans son premier livre, intitulé «Le Gone du Chaâba». L'ouvrage raconte l'enfance de ce fils d'ancien émigré originaire d'un petit village, près de Kherrata entre Sétif et Béjaïa. Un père illettré mais qui tenait à tout prix que son fils aille aussi loin que possible dans ses études pour ne pas subir le triste sort que lui-même avait subi. A partir de ce roman édité en 1984, un film a été tiré et c'est Mohand Saïd Fellag qui a campé le rôle du père. Un rôle qu'il a joué à merveille. C'est cette expérience entre le roman et le film qui a fait que Azouz Begag a été invité à prendre part à cette table ronde, entrant dans le cadre des animations du Salon international, autour du thème «Littérature et cinéma». Azouz Begag, auteur d'une trentaine de livres dont des romans et des essais, s'est dit faisant partie des écrivains venus du peuple et qui, en écrivant, veulent parler au peuple. L'orateur a regretté, qu'aujourd'hui, le souci de la lecture soit devenu secondaire. De ce fait, l'intervenant a insisté sur l'urgence qu'il y a à faire comprendre l'importance de la lecture. Azouz Begag a reconnu que le monde de l'image est beaucoup plus puissant aujourd'hui. «L'image audiovisuelle peut pénétrer dans les milieux sociaux les plus défavorisés et les plus pauvres,» a-t-il souligné avant d'ajouter avec une pointe d'humeur que tous les pauvres sont des cinéastes puisqu'ils voient la vie en direct. L'orateur a indiqué qu'en Algérie, «nous sommes dans un pays très riche en histoires sociales pouvant devenir des séquences de cinéma». Il a regretté l'inexistence de salles de cinéma chez nous et a lancé un appel aux autorités justement pour mettre en place un programme afin de parer au plus vite à cette faille car sans salles de cinéma et sans studios de cinéma, il ne peut y avoir de cinéma, a-t-il rappelé. Il a aussi souligné que pour écrire un livre, l'auteur n'a pas besoin d'argent mais pour réaliser un film, il en faut beaucoup. En France, a-t-il rapporté, il faut au minimum 3 millions d'euros pour réaliser un film à petit budget. Après deux ans de travail et autant d'argent dépensé, le réalisateur risque de se retrouver avec zéro spectateur le jour de l'avant-première qui s'effectuera simultanément avec celle d'une centaine d'autres films, a ajouté Azouz Begag pour illustrer à quel point faire un film s'apparente à une vraie aventure aux risques multiples. Ce n'est pas tout, puisqu'un film est aussi une question de politique et d'idéologie à diffuser à travers le cinéma. Il est soumis de ce fait, à diverses sources de pression. Azouz Begag a cité l'exemple d'un scénario qu'il vient de terminer pour en faire un film. Pour des problèmes de moyens et d'absence de producteurs qui s'y intéresseraient, Azouz Begag a été contraint de le vendre à un éditeur qui en fera une bande dessinée. «Je suis en train de l'écrire sous forme de roman. Je tente ainsi de faire le chemin inverse, c'est-à-dire aller du film vers le roman», a conclu Azouz Begag qui été pris d'assaut par les présents à la fin de la conférence pour dédicacer ses livres ou pour des prises de photos souvenir.