Le président Dmitri Medvedev s'est rendu hier aux îles Kouriles, une première visite d'un chef d'Etat russe sur ces territoires dont Tokyo revendique une partie et qui a immédiatement provoqué de vifs échanges entre les deux pays. La visiteéclair de quatre heures de M.Medvedev a suscité l'indignation au Japon, le Premier ministre Naoto Kan la jugeant «très regrettable». Tokyo considère que quatre des îles de l'archipel font partie du «territoire japonais». Le chef de la diplomatie japonaise, Seiji Maehara, a convoqué l'ambassadeur de Russie en signe de protestation et estimé que l'initiative de M.Medvedev «heurtait les sentiments de la population japonaise». Le ministre russe des Affaires étrangères a rétorqué sur un ton guère diplomatique que l'ambassadeur japonais à Moscou allait être convoqué à son tour pour lui expliquer que les Kouriles sont «une terre russe». «La réaction de la partie japonaise sur le voyage du président Medvedev aux Kouriles est inacceptable. C'est notre terre, et le président russe s'est rendu sur une terre russe», a souligné M.Lavrov. «L'ambassadeur du Japon à Moscou va être invité à se rendre au ministère (russe) des Affaires étrangères pour que nous puissions de nouveau exprimer clairement et sans équivoque notre position», a-t-il ajouté lors d'un point de presse en marge de la visite en Russie de son homologue allemand Guido Westerwelle. M.Medvedev, s'est rendu hier à Kunashir, l'une des quatre îles de l'archipel contesté, appelées en Russie Kouriles du Sud et Territoires du Nord au Japon. Ce déplacement controversé intervient alors que le président russe est attendu au Japon pour le sommet de la coopération économique Asie-Pacifique (Apec) le 12 novembre. M.Medvedev avait prévenu fin septembre qu'il allait se rendre aux Kouriles, «une région très importante» de Russie, provoquant de vives protestations de Tokyo. Cet échange d'amabilités tranche avec l'optimisme affiché en juin par le Premier ministre japonais qui avait jugé que «de meilleures conditions» étaient en place «pour avancer» dans les relations bilatérales, y compris sur la question des Kouriles. Il avait même estimé avoir pris un «bon départ pour établir des relations de confiance personnelle avec le président Medvedev». Selon les analystes, ce refroidissement diplomatique a peu de risque d'influer sur les relations économiques entre les deux pays.