La première journée du débrayage a été suivie à 100 % par les robes noires qui ont déserté tous les tribunaux. Les avocats du barreau de Tizi Ouzou ont entamé, hier, leur mouvement de grève de trois jours. Cette action de protestation se veut être une riposte aux dépassements enregistrés le 13 octobre dans l'enceinte même du tribunal de Tizi Ouzou lorsqu'un collectif d'avocats a été malmené par des forces de police, dépêchées sur les lieux pour procéder à l'arrestation d'Abrika et de trois autres délégués de la CADC. La première journée du débrayage a été suivie à 100% par les Robes noires qui ont déserté tous les tribunaux. Au chef-lieu de wilaya, le Palais de justice était inhabituellement vide. Les deux salles d'audience aussi. Seul un maçon s'affairait, à l'entrée du tribunal, à retaper le mur de clôture. “L'appel du Conseil de l'ordre du barreau a été suivi à la lettre comme vous pouvez le constater”, commente un avocat rencontré dans les couloirs de l'institution juridique. Direction la salle d'audiences des affaires correctionnelles où une dizaine de prévenus devait être jugée. Les avocats boycottent. Le président de la séance feint d'ignorer leur absence et demande aux personnes présentes au banc des accusés si elles acceptent d'être entendues sans leurs avocats. Deux ou trois seulement acquiescent. Résultat : toutes les autres affaires inscrites à l'ordre du jour seront envoyées. La même paralysie a été constatée à la cour de Tizi Ouzou, désertée, elle aussi, par les avocats. Dans les autres tribunaux de la wilaya de Tizi Ouzou, l'heure était également au boycott. Outre la grève de trois jours, le Conseil de l'ordre a appelé au boycott de toutes les sessions criminelles à venir et des assistances judiciaires “jusqu'à sanction effective des auteurs des dépassements qui se sont produits et leur traduction devant la justice”. Une autre action a été également entreprise par les avocats de Tizi Ouzou. Il s'agit du dépôt de plainte auprès du doyen des juges d'instruction du tribunal pour “entrave à l'exercice de la profession, outrage à la Robe d'avocat, coups et blessures volontaires et insultes envers des confrères”. A. T. Communiqué du Conseil de l'ordre des avocats d'Alger • L'ordre des avocats du barreau d'Alger, réuni, ce jour 20 octobre 2002, en session extraordinaire, au sujet des graves dépassements des services de sécurité à l'encontre des avocats de Tizi Ouzou, dénonce de tels agissements portant gravement atteinte à la dignité de l'avocat, à la défense, aux libertés individuelles et au principe sacro saint de l'inviolabilité de la robe d'avocat. Le conseil dénonce aussi la brutalité de cette intervention inqualifiable survenue, pour la première fois, dans une enceinte juridictionnelle algérienne constituant ainsi un grave précédent dans les annales de la justice algérienne. Le Conseil exprime toute sa solidarité et son soutien aux confrères de Tizi Ouzou et condamne, vigoureusement, cette action provocatrice, outrageante et impardonnable. P/Le conseil d'Alger Le bâtonnier