La ministre française des Affaires étrangères a réitéré le soutien de son pays au projet d'autonomie marocain. La position algérienne à propos du Sahara occidental met la France dans tous ses états. «Au cours d'une discussion informelle sur l'évolution de la situation au Sahara occidental, des conseillers français ont déclaré qu'Alger est comme un boxeur dans un coin, qui pourrait se déchaîner», révèle l'information glanée par WikiLeaks qui s'appuie sur une source diplomatique américaine. C'est au cours d'une rencontre informelle, qui s'est tenue le 14 mars 2007, consacrée au Sahara occidental, que les conseillers de l'ambassade de France à Rabat, ont fait part de leurs préoccupations à leurs homologues américains, espagnols, britanniques et allemands. La diplomatie algérienne, qui a pour qualité d'être très discrète, fait peur. «Alger est en train de réagir à l'offensive diplomatique du Maroc et reste attachée au plan Baker», indique le document publié sur le site Web lanceur d'alerte qui souligne que: «L'Algérie reste une question épineuse.» Lors d'un entretien, mardi à Paris, entre la nouvelle patronne du Quai d'Orsay et son homologue marocain, qui résonne comme un écho à ces nouvelles divulgations, Michèle-Alliot Marie a réitéré la position de la France concernant la question du Sahara occidental, selon une dépêche datée du 14/12/2010 répercutée par l'agence de presse officielle marocaine. «M.Fassi Fihri a tenu à saluer «la position claire» des autorités françaises au sujet du Sahara marocain, rappelant «l'appui fort de la France à l'initiative marocaine d'autonomie», a rapporté MAP. Il fallait vraiment faire preuve de naïveté pour croire que les relations politiques entre l'Algérie et la France allaient s'assainir, voire s'améliorer ou voir leurs points de vue se rapprocher concernant certaines questions (Sahara occidental, libre circulation des personnes...) après le départ de Bernard Kouchner du département des affaires étrangères. Il y a très probablement, une identification notoire entre certaines positions de l'Hexagone et celles affichées par le trône chérifien. Les deux pays sont des puissances colonisatrices. La France, qui ne semble pas s'être totalement libérée de son passé colonial, est certainement en train d'assouvir ses frustrations nées de l'indépendance de l'Algérie à travers l'annexion du Sahara occidental par le Maroc. Son soutien indéfectible au projet d'autonomie marocain représente un signe qui ne peut tromper. En ce sens, Michèle Alliot-Marie suit pas à pas le chemin tracé et balisé par son prédécesseur. «La France, comme d'ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d'être discutée», avait insinué l'ex-chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dans une interview au magazine Jeune Afrique au mois de mars 2009. Une déclaration qui a été renforcée par celle du Premier ministre français. «Cette proposition d'autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l'impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine...», avait réaffirmé François Fillon lors d'une conférence de presse qui a clôturé les travaux de la 10e Réunion de haut niveau franco-marocaine, à Paris, au mois de juillet 2010. Tout récemment, la diplomatie française a volé au secours du Makhzen et a pesé de tout son poids pour mettre en échec la mise sur pied d'une enquête internationale visant à faire toute la lumière sur l'assaut lancé le 8 novembre dernier par les forces d'occupation marocaines contre le camp de toile sahraoui de Gdeim Izik. D'autre part, les eurodéputés français issus de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) se sont vainement opposés à la résolution votée par le Parlement européen et qui a condamné cette agression. «Je me suis opposée à cette résolution», a révélé le 5 décembre 2010 l'ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, au cours d'un point de presse animé à l'Institut supérieur national des sciences politiques à Ben Aknoun dans la banlieue d'Alger. Il faut surtout souligner que la sortie médiatique de la ministre française des Affaires étrangères s'est faite dans le sillage de la Déclaration d'Alger qui a sanctionné la fin des travaux de la Conférence internationale célébrant le cinquantenaire de la résolution 1514 de l'ONU portant Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Le communiqué final de cette rencontre invite la communauté internationale à accorder un «soutien ferme» aux peuples palestinien et sahraoui en vue de l'exercice de leur droit à l'autodétermination et de faire de cet objectif une «priorité». Si l'Algérie milite sans relâche pour l'indépendance des peuples colonisés, la France, à travers son soutien au projet marocain d'annexion du Sahara occidental, propose le contraire. C'est tout ce qui fait la différence entre les diplomaties des deux Etats. Une caractéristique de leur histoire commune.