Six ans après sa création, l'Alliance n'est toujours pas sortie de son carcan algérois pour s'élargir au niveau national. Les partenaires de l'Alliance présidentielle se réunis-sent enfin aujourd'hui. Ouyahia, Belkhadem et Soltani vont se pencher à nouveau sur leur alliance avec plusieurs mois de retard. A cette occasion, le RND passera les commandes au FLN. A l'ordre du jour de cette réunion, rien de surprenant. Comme d'habitude, les alliés s'offriront un tête-à-tête de deux heures pour discuter de différents sujets avant de rendre public un communiqué. Les partenaires vont réitérer leur attachement à cette alliance et au programme présidentiel tout en évaluant la situation économique du pays. Ils ne rateront d'ailleurs pas cette occasion pour écarter toutes les rumeurs faisant état de la mort de l'alliance. Cette entité est en panne. Depuis février, date du dernier sommet, aucune réunion importante n'a été tenue. L'activité se limite uniquement à la passation du témoin. Pourquoi ce désintérêt? Les partenaires de la coalition gouvernementale semblent ne plus avoir de temps à accorder à cette entité politique. Ils ne sont même pas motivés pour prendre les responsabilités au sein de la coalition. «Nous avons demandé au RND de retarder cette réunion», a affirmé le secrétaire général du FLN. Lors de la réunion avec les superviseurs, tenue récemment à l'hôtel Eriad, M.Belkhadem a expliqué que ce retard a été accusé sur demande du FLN. Pris par d'autres occupations, les partis préfèrent sacrifier cette alliance de «circonstance». Preuve en est, l'Alliance présidentielle est complètement absente de la scène politique. Alors que des affaires de corruption ont défrayé l'actualité durant les derniers mois, les partenaires n'ont même pas pris position pour former un front contre ce cancer qui gangrène les institutions de l'Etat. Encore mieux. Le programme présidentiel, qui est l'essence même de cette alliance, n'a pas bénéficié d'un intérêt commun. Censés accompagner ce programme et veiller à son application, les partis n'ont installé aucune commission au sein de l'Alliance pour veiller à son application. Ils se sont juste contentés d'exprimer leurs positions individuellement, mettant en avant l'intérêt partisan. Ce qui démontre que le travail collectif fait défaut au sein de cette entité. Les déclarations multipliées par les responsables des partis restent lettre morte. Six ans après sa création en 2004, l'alliance n'est toujours pas sortie de sa coquille pour s'élargir au niveau national. Ce constat a été confirmé lors du renouvellement des membres du Conseil de la Nation en décembre dernier. Les partis de l'Alliance ont refusé de travailler ensemble. Certains sont même allés chercher du soutien en dehors de l'alliance. C'est le cas d'ailleurs du RND qui a conclu un pacte avec le Parti des travailleurs pour s'assurer le maximum de sièges au sein du Sénat. Ce qui a porté un coup dur à l'Alliance présidentielle. Les leaders des partis majoritaires ne se comportent plus comme des partenaires mais plutôt comme concurrents. La course au pouvoir aiguise l'appétit des patrons de l'Alliance. Ces derniers refusent pourtant d'abandonner le pacte les liant, qui servira des ambitions politiques au moment opportun. Après avoir renforcé sa présence au sein du Sénat, le RND revient à la charge pour réitérer son attachement à l'Alliance. «Le RND reste attaché à cette alliance qui constitue un cadre idoine pour s'unir autour du programme du président de la République en vue de sa concrétisation», a déclaré son porte-parole Miloud Chorfi. Lors de la commémoration du 65e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, M.Chorfi a estimé que «l'Alliance présidentielle est en bonne santé et a réussi dans sa mission de dimension nationale». M.Chorfi a critiqué ceux qui prétendent qu'elle a échoué suite à la conclusion d'un accord avec le PT. Or, c'est le PT qui a souhaité l'éclatement de cette alliance et pas un autre parti. «On souhaite vivement l'éclatement de la coalition présidentielle», a déclaré la secrétaire générale du Parti des travailleurs, lors de la clôture des travaux de la session ordinaire de son comité central en décembre dernier. Compte tenu de cette situation et en prévision du rendez-vous des législatives de 2012, l'Alliance risque d'être sérieusement fragilisée.