Il s'est rendu le 26 décembre, à la tête d'une délégation de son parti, aux camps de réfugiés sahraouis. La visite controversée effectuée par le leader islamiste au Royaume chérifien au mois d'octobre 2010, sur invitation du Parti de la justice et du développement (PJD), formation marocaine politique d'obédience islamiste, va certainement connaître son épilogue. Reçu par le président de la République sahraouie à l'occasion d'une visite de deux jours dans les camps de réfugiés sahraouis, le président du Mouvement de la société pour la paix «a réitéré la position de son mouvement en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, précisant que cette position découle de celle adoptée par l'Algérie envers la question du Sahara occidental», peut-on lire dans une dépêche datée du 27 décembre 2010 répercutée par l'agence de presse officielle sahraouie Sps. La position du MSP vis-à-vis de la lutte du peuple sahraoui pour son autodétermination et son indépendance, «n'a pas changé et ne changera pas», a affirmé Bouguerra Soltani. Il a fermement condamné les crimes commis par les forces d'occupation marocaines contre les civils sahraouis, ainsi que les arrestations qui ciblent les militants sahraouis des droits de l'homme. «Un exemple des souffrances endurées par le peuple sahraoui», a déclaré le leader du Mouvement de la société pour la paix qui a comparé ces crimes à ceux commis par les forces coloniales françaises en Algérie lors des événements du 8 mai 1945. Des déclarations, sous forme de mise au point qui devraient mettre fin à la position ambiguë affichée par les leaders les plus en vue du MSP par rapport à la question du Sahara occidental tant on avait l'impression qu'ils avaient du mal à accorder leurs violons. Il faut rappeler que le voyage du président du MSP, au Maroc, a été «officiellement» programmé dans le but de renforcer «la coopération» entre les partis politiques islamistes au Maghreb. Effectué dans la discrétion, ce déplacement a été entouré d'un mystère qui a donné cours à toutes sortes d'interprétations et de spéculations. Il faut reconnaître que les sorties médiatiques de certains responsables du PJD n'ont rien arrangé. «Il n'y a pas que les Sahraouis qui sont convaincus par le projet d'autonomie présenté par le Maroc. La vision d'un Sahara marocain, sous la souveraineté du Maroc, trouve des sympathisants même de la part des partis politiques algériens, à l'image du MSP, dont les dirigeants ont séjourné ces derniers jours au Maroc», a dévoilé Noureddine Kerbal, haut responsable du Parti de la justice et du développement, sur le plateau de la chaîne satellitaire marocaine, Al-Mustakilla, à l'occasion d'une émission-débat qui était consacrée à la question du Sahara occidental. Récupération ou intox? Le MSP a en tout cas vigoureusement répliqué. «Nous dénonçons ces déclarations irresponsables qui ne reflètent pas les véritables positions du MSP et que tout le monde connaît. Les positions du MSP s'inscrivent en droite ligne de la politique étrangère de l'Algérie et que de telles déclarations ne portent pas atteinte à l'image réelle du parti à propos des questions justes comme celle du Sahara occidental et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», a déclaré le président du conseil consultatif du MSP, Abderrahmane Saïdi. Tout semblait rentrer dans l'ordre. Mais c'était compter sans le vice-président du Mouvement de la société pour la paix qui allait semer de nouveau le trouble. «Il n'est pas juste de mettre sur un pied d'égalité la question sahraouie et le conflit palestino-israélien au Proche-Orient», a insinué Abderrezak Mokri sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III au mois de novembre dernier. Soit moins d'une semaine plus tard après la mise au point de Abderrahmane Saïdi. La récente visite de Bouguerra Soltani aux camps de réfugiés sahraouis, ainsi que ses déclarations sans fioritures en faveur de la cause sahraouie, devraient constituer le dernier épisode de ce feuilleton.