L'opposition albanaise a promis hier de nouvelles manifestations contre le gouvernement de Sali Berisha, qui accuse ses adversaires de souhaiter un «scénario à la tunisienne» pour le renverser, au lendemain d'une manifestation qui a fait trois morts à Tirana. «Après le deuil, nous allons reprendre les manifestations», a déclaré le dirigeant de l'opposition socialiste et maire de Tirana, Edi Rama, sans préciser quand. Edi Rama a qualifié hier de «crime d'Etat» la mort des trois manifestants tués par balles vendredi lors d'une manifestation anti-gouvernementale à Tirana. «La mort de (ces) trois personnes n'est rien d'autre qu'un crime d'Etat, dont les seuls responsables sont le Premier ministre albanais, Sali Berisha, et ses structures» de pouvoir, a déclaré M.Rama lors d'une conférence de presse. Les mots d'ordre des organisateurs étaient la démission du Premier ministre M.Berisha et des élections législatives anticipées. M.Berisha a accusé M.Rama dans la nuit de vendredi à samedi d'avoir «voulu monter un coup d'Etat violent, en imaginant un scénario à la tunisienne pour l'Albanie». «Lui et ces salauds de Ben Ali albanais ont imaginé pour vous, citoyens de l'Albanie, le scénario tunisien», a ajouté M.Berisha. Le président tunisien au pouvoir depuis 23 ans, Zine El Abidine Ben Ali a été chassé sous la pression de la rue et de manifestations qui ont fait plus d'une centaine de morts. «Selon ce scénario, les gens devaient entrer dans le siège du gouvernement, prendre le Parlement et prendre les institutions» à Tirana, a poursuivi M.Berisha. La manifestation a rassemblé 300.000 personnes, selon l'opposition, 20.000 selon des médias et des participants. La police, qui a annoncé 113 arrestations, n'a pas fourni de chiffres. Les manifestants s'étaient rassemblés devant le siège du gouvernement mais des accrochages violents se sont rapidement produits avec la police. Certains des manifestants ont réussi à percer le cordon policier, grimpant les marches d'accès au bâtiment, avant d'en être délogés par les forces de l'ordre. Durant toute la nuit de vendredi à samedi, le pouvoir et l'opposition se sont rejeté mutuellement la responsabilité des événements. «La pleine responsabilité sur tout ce qui s'est passé incombe aux organisateurs du scénario tunisien», a dit M.Berisha, en affirmant que les trois victimes ont «été tuées à bout portant par des armes légères, des pistolets» alors que «la police ne possède pas de tels armements». «Il n'y a eu aucun scénario pareil. Ce n'est pas vrai. Est-ce que vous avez vu les manifestants s'attaquer au Parlement et aux autres institutions?», a rétorqué M.Rama. L'opposition a accusé des militaires d'avoir ouvert le feu contre des manifestants qui tentaient de s'en prendre à la porte d'entrée du siège du gouvernement.