L'administration doit être au service du citoyen «J'ai sollicité une audience auprès d'un responsable local. Après une année, je n'ai toujours pas de réponse. J'ai transmis un écrit à une administration française de souveraineté, j'ai eu la réponse deux mois après.» Depuis quelque temps, tout le monde aura remarqué cette tendance de nos administrations à ouvrir leurs portes demeurées, par le passé, longtemps hermétiques au nez et à la face des citoyens. Cette façon de faire ressemble plus à l'application de recommandations qu'à une quelconque volonté de se rapprocher du justiciable. L'administration qui, par définition, se doit d'être au service du citoyen, s'est confinée dans des us hérités des années de plomb et d'autoritarisme. Malgré les directives, l'accueil des plaignants tend à changer sur la forme mais reste insuffisant sur le fond. Beaucoup de citoyens s'adressent à l'administration mais sortent déçus pour n'avoir pas réglé leurs problèmes. Les institutions locales les plus en vue et les plus sollicitées restent les APC, l'APW pour les organismes élus, les directions de l'emploi, de l'éducation, de la jeunesse et des sports, de l'action sociale, des domaines, des impôts. Dans la majorité des instances exécutives, deux demi-journées par semaine sont réservées à l'accueil des citoyens. Souvent le premier responsable s'arrange pour programmer une réunion, un déplacement...la réception est alors confiée à un subalterne qui n'a pas le pouvoir de prendre des décisions lesquelles sont alors renvoyées, à une date ultérieure et le citoyen repart comme à son arrivée. Cette manière de faire n'est pas générale. Au niveau de la DAS et de la direction de l'emploi, pour ne citer que ces deux administrations très sollicitées, la direction a retenu toute la semaine pour les visiteurs. Des assistants sont en permanence présents, reçoivent quotidiennement, pour établir des cartes d'invalide, des pensions pour les handicapés, caser des jeunes diplômés dans les diverses formules de l'emploi temporaire. Dans une autre administration, un écriteau est accroché dans le secrétariat du directeur, lequel porte une inscription interdisant d'attendre dans le bureau. Ne disposant pas d'une salle d'attente, les demandeurs forment des files dans les couloirs et passent parfois des heures debout. S'agissant des instances élues, nous avons focalisé notre enquête sur l'APC de Bouira. Là les choses ne datent pas d'hier. Bien avant les événements, le maire, élu pour un second mandat, laisse ses portes ouvertes et reçoit toute personne qui le demande. Les raisons des audiences sont hélas, difficiles à exaucer. La majorité vient pour un emploi, un logement...ces cas ne relèvent plus des compétences des maires d'où la colère des citoyens qui par méconnaissance des règlements, déversent leur ire sur le premier magistrat de la ville. Si nous n'avons trouvé aucune difficulté à rencontrer le maire de Bouira M.Larbi Mohamed, il nous était impossible de voir la directrice du service maintenance des réseaux. A l'APW, le président a consacré la journée du lundi pour tenter de répondre aux doléances de nombreux citoyens. Ses adjoints et les présidents de commission pallient ses absences. Là aussi, les citoyens ne trouvent pas toujours les réponses à leurs inquiétudes. Ils sollicitent souvent une intervention auprès d'un directeur. L'élu utilise ses relations personnelles pour satisfaire les demandes des visiteurs. Cela ne réussit pas souvent. Continuant notre visite, nous avons rejoint la cité administrative. Si au niveau de la Defp, de la direction du commerce, de la DHW il nous a été facile de rencontrer le directeur (sans annoncer notre fonction), ce n'était pas le cas à la direction des transports, de la DUC où il nous a été clairement signifié que la rencontre des directeurs était assujettie à un rendez-vous. Le même niet nous a été siginifié par la direction de l'éducation où le directeur était en mission avec le wali. Le manque de liquidités est le subterfuge utilisé pour rencontrer le responsable de la poste Hadid Saïd, une poste qui a survécu aux émeutes grâce aux jeunes de la cité 1100 qui l'ont protégée. Doufi n'hésitera pas à nous recevoir et à nous convier à un café Notre dernière destination sera l'agence pour l'emploi. Malgré l'exiguïté des lieux et le nombre important de jeunes, le personnel de cette structure, à leur tête Ammi Saïd Drissi, comme l'appelle l'ensemble du personnel, recevait dans son bureau, dans le couloir, se donnant la peine d'écouter tout le monde. En conclusion, nous dirons que si certains responsables expriment une réelle disponibilité à écouter les citoyens, d'autres continuent à perpétuer des habitudes héritées d'une autre époque. Hélas, ce sont ceux qui détiennent la majorité des solutions qui se confinent dans cette manière de faire. Un maire peut recevoir 1000 citoyens par jour sans pouvoir solutionner un seul problème quand les clefs sont aux mains de chefs de daïra insoucieux de l'intérêt du citoyen. La tendance à ignorer les courriers, à ne jamais vouloir répondre, pousse les citoyens à se rendre en chair et en os dans les enceintes administratives. «J'ai sollicité une audience auprès d'un responsable local. Après une année, je n'ai toujours pas de réponse. J'ai transmis un écrit à une administration française de souveraineté, j'ai eu la réponse deux mois après», nous dira un retraité. Le jour où l'administration algérienne adoptera les bonnes habitudes, l'engouement et les files devant les administrations disparaîtront à jamais.