De Michelis n'ira pas par quatre chemins. «L'Italie, de même que tous les pays de la Méditerranée, risque d'être marginalisées dans le nouvel ordre géostratégique mondial. C'est pourquoi il est nécessaire de renforcer nos relations de convergence, et d'aller même vers une alliance entre les pays de la région. C'est la raison pour laquelle nous sommes là, et c'est pourquoi l'association est née.» C'est en ces propos que le président de la délégation italienne, M.Gianni De Michelis (ancien ministre italien des Affaires étrangères), venu samedi dernier dans le cadre de l'Association d'amitié et de coopération italo-algérienne, a résumé l'objectif de sa visite qui s'est achevée hier. Contrairement à ce que beaucoup s'attendaient, c'est le discours politique qui prend le dessus sur le volet économique. Lors de la rencontre-débat qui s'est tenue, hier, au Centre culturel italien (Alger) entre la délégation italienne et les hommes d'affaires algériens, M.De Michelis n'ira pas par quatre chemins pour souligner en rouge ce qu'il qualifie de «menace» sur les pays de la Méditerranée, notamment l'Italie qui semble chercher sa place dans le nouveau redéploiement mondial. Qu'en est-il de l'Algérie par rapport à toutes ces donnes, elle qui essaye tant bien que mal de sortir de sa crise multidimensionnelle? En réponse à cette question, l'orateur italien indique que notre pays n'est pas en reste par rapport à toutes ces mutations. Son entrée à l'économie de marché en est une preuve, étant donné qu'aucun développement économique ne peut se faire sans politique intérieure et extérieure adéquate, l'Algérie est amenée par la force des choses à choisir son camp en fonction de plusieurs paramètres, sa position géographique entre autres. Sur le plan intérieur, M.De Michelis indiquera que l'Algérie souffre d'un déséquilibre réel, notamment en ce qui concerne son ouverture vers la démocratie et l'économie de marché. «Pour rééquilibrer la situation, il faut qu'il y ait un cadre institutionnel adéquat», lancera-t-il aux opérateurs présents. Un autre intervenant italien, qui a vécu dans le pays pendant 12 ans, cernera l'environnement intérieur en peu de mots: «En Algérie, il y a trop de partage et on ne trouve pas une direction bien claire.» Pour dépasser toutes ces contraintes, le président de la délégation italienne insistera longuement sur la nécessité de concrétiser les rapports loin de toute démagogie. «On ne veut pas voir que des bureaucrates, on veut rencontrer des opérateurs économiques avec qui on peut établir des rapports solides et durables. On connaît bien la situation en Algérie avec qui on a beaucoup d'échanges en matière de gazoduc et autre. Ce qu'on veut, en fait, c'est de voir une évolution politique et économique», dira-t-il. Evidemment, il n'est pas certain que les gouvernants algériens aient la même vision des choses, surtout s'ils ne ressentent pas les mêmes «appréhensions» des Italiens. D'ailleurs, même les opérateurs présents n'ont pas manqué de rappeler l'échec total du processus de Barcelone qui a «manqué à ses promesses», rappelle-t-on amèrement. En réponse à cela, les Italiens ont justifié la chose par le fait que cet échec soit conditionné par nombre de raisons dont la situation au Moyen-Orient (la Palestine). Et c'est pour cette raison d'ailleurs que les Italiens insistent sur ces «sensibilités». A propos de la situation dans la région du Maghreb, les Italiens estiment que sans une stabilité dans la région, le projet de «l'alliance méditerranéenne» ne peut se consolider.