Les partis d'opposition ont appelé à la formation d'un gouvernement de salut national provisoire qui sera chargé d'élaborer une nouvelle Constitution et d'organiser des élections législatives et présidentielle. Le front politique d'opposition en Egypte est plus que déterminé à mener son mouvement de protestation jusqu'au bout. Pas de négociations. Pas de concertation. En rompant tout contact avec le régime en place, les représentants de la force d'opposition égyptienne sont plus décidés que jamais à faire tomber le régime en place. Pour cause, ce comité d'opposition a rejeté, dans le fond et dans la forme, l'idée du dialogue proposée par le président Hosni Moubarak. Lundi soir, le vice-président égyptien, Omar Souleiman, a annoncé avoir été chargé par le président Hosni Moubarak d'ouvrir un dialogue immédiat avec l'opposition, à la veille de marches géantes prévues pour réclamer la chute du régime. «Le président m'a chargé aujourd'hui de lancer des contacts immédiatement avec toutes les forces politiques pour commencer un dialogue autour de toutes les questions liées à la réforme constitutionnelle et législative», a-t-il dit à la télévision. A cet appel, les forces politiques égyptiennes écartent, au huitième jour de la colère populaire, toute éventualité de dialogue avant le départ du rais. Le comité «n'engagera pas de négociations avant le départ du président de la République», annonce le communiqué signé par plusieurs figures de l'opposition, parmi lesquelles M.El-Baradei et l'ancien candidat à l'élection présidentielle Ayman Nour. Le départ du président égyptien du pouvoir et la dissolution de l'Assemblée du peuple, constituent la condition sine qua non pour entamer les pourparlers. Pour les opposants, les négociations porteront sur la formation d'un gouvernement d'union nationale pour préparer des élections «transparentes». Les formations d'opposition ont appelé, plutôt, à la formation d'un gouvernement de salut national provisoire qui sera chargé d'élaborer une nouvelle Constitution et d'organiser des élections législatives et présidentielle. L'opposition demeure toutefois divisée sur la personne à même de présider le gouvernement provisoire. Certains, notamment parmi les mouvements de jeunes, sont pour Mohamed El Baradeï alors que des partis comme les Frères musulmans et «Wafd» s'y opposent. Les formations de l'opposition devaient se réunir hier dans le cadre de la Coalition nationale pour le changement pour trancher la question, afin d'arrêter la prochaine démarche à entreprendre, après la grande marche qui a eu lieu hier au Caire et dans autres villes principales du pays des Pharaons. Les Frères musulmans tourne le dos à toute forme de discussion tant que Moubarak est à la tête de la haute pyramident en Egypte. «Au nom du peuple et des manifestants», le comité veut «le départ du régime, la dissolution de l'Assemblée du peuple, la formation d'un gouvernement d'union nationale de transition pour la gestion des affaires courantes, chargé de préparer des élections transparentes», défend le parrain des partis islamistes dans le monde arabe. De son côté, Mohamed El Baradei souhaite une «sortie honorable» pour le président Hosni Moubarak. «Je suis pour une sortie honorable pour le président Moubarak», a-t-il déclaré. Et de prévoir que les jours du président sont, désormais, comptés. Les Egyptiens «veulent en finir aujourd'hui, sinon vendredi au plus tard». Dans son bref passage à la télévision égyptienne, le vice-président a annoncé que le gouvernement oeuvrera à s'attaquer «dès que possible, aux priorités de la lutte contre le chômage, la pauvreté, la corruption et à atteindre le juste équilibre entre les salaires et les prix», a-t-il ajouté. Pour l'opposition, le gouvernement tente, avec une telle invitation au dialogue, d'absorber la tension de la rue et surtout faire tomber l'opposition dans son piège, dans le cas où elle répondrait favorablement au message du vice-président.