Contrôlé à près de 88% par le parti présidentiel, le Parlement égyptien ne risque pas de changer de configuration après le scrutin législatif de mercredi. Tous les observateurs de la scène égyptienne s'accordent à dire qu'il ne faut pas “s'attendre à un chamboulement politique” à l'occasion du renouvellement du parlement. Les seules nouveautés pour le régime de Hosni Moubarak, souvent épinglé pour fraude électorale, consistent en des urnes transparentes et où des observateurs d'organisations non gouvernementales locales pourront, dans des conditions encore confuses, être présents dans les bureaux de vote. Ce qu'il y a lieu d'attendre de ce rendez-vous électoral, ce sont les scores du Parti national démocrate (PND), le parti présidentiel, et de l'association islamiste des Frères musulmans, interdite mais tolérée. Pas moins de 5 310 candidats se disputeront les 444 sièges de l'Assemblée. Parmi eux figurent seulement 23 femmes, soit 0,4%. 10 autres sièges seront attribués directement par le président Moubarak. Le Parti national démocratique (PND) au pouvoir a certainement tiré les leçons des précédentes législatives où il n'avait réussi à faire élire que 175 candidats sous ses couleurs avant le ralliement de 213 députés l'ayant emporté comme indépendants. Dans le but d'éviter un scénario similaire, les dirigeants du parti de Moubarak ont pris la précaution de ne pas excommunier les éléments rebelles ou frondeurs. Ceci a amené certains analystes à dire que “le PND n'est toujours pas un vrai parti”. Il est loin de contrôler la scène politique égyptienne à l'occasion de ces élections législatives qui demeurent beaucoup plus un champ d'affrontements des allégeances claniques qu'un lieu d'expression démocratique. La peur vient des listes de candidats indépendants qui renferment “les Frères musulmans” contraints de se présenter sous cette étiquette puisque la confrérie islamiste fondée en 1928 reste officiellement bannie de la vie politique. Ayant tissé sa toile à travers une pléiade d'œuvres caritatives, le mouvement dirigé par Mahdi Akef affirme vouloir prouver qu'il constitue la principale force d'opposition, visant de 50 à 70 députés, contre 17 seulement dans l'actuel parlement. Tout en affichant la modération, les Frères musulmans entendent tirer les fruits de l'islamisation de la société égyptienne, sans que leur agenda politique soit clairement lisible. Ils demeurent déterminés à arracher le droit de se constituer en parti politique. Cependant, le fait d'avoir repris comme seul slogan de campagne “l'islam est la solution”, est inacceptable aux yeux d'un pouvoir déterminé à ne pas leur concéder le monopole de la légitimité islamique. Le PND tirera sans aucun doute profit de la division entre les partis d'opposition, qui n'arrivent pas à maintenir le “front uni” incluant les libéraux du néo-Wafd, les marxistes du Tagammou, les Nassériens et même des islamistes affichés en octobre dernier. Une chose est sûre, Hosni Moubarak, qui a arraché un 5e mandat présidentiel récemment, a certainement mis en place un scénario à même de lui permettre de gouverner sans difficultés. K. ABDELKAMEL