Même si l'équipe Ouyahia ne reconnaît pas avoir échoué, elle ne l'en exprime pas moins à travers la révision récurrente de plans déjà confectionnés. Le gouvernement tourne-t-il en rond? L'équipe Ouyahia ne cesse de reprendre les mêmes dossiers. Stratégie industrielle, emploi, organisation des marchés, politique de la santé sont autant de chantiers qui s'éternisent sur la table du gouvernement. Entamés depuis plusieurs années, ces projets sont toujours d'actualité. Le gouvernement semble avoir du mal à leur trouver une issue. Les échecs des politiques se succèdent. Les témoignages tombent en cascade ces jours-ci. Avant-hier, le directeur général de la veille stratégique, des études économiques et des statistiques au ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Bacha, a jeté un véritable pavé dans la mare. S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, ce responsable a fait savoir que la stratégie industrielle manque d'opérationnalité. «Une analyse de la stratégie industrielle, adoptée depuis plusieurs années, a révélé un manque d'opérationnalité des actions programmées et c'est pour cela que nous sommes en train d'étudier un plan d'action concret de mise en oeuvre pour arriver à obtenir les résultats souhaités», a-t-il expliqué. Cet aveu d'échec démontre parfaitement qu'il y a une très grande carence en matière de visibilité des actions et de maturation des projets. Pourtant, le secteur en question a bénéficié d'un intérêt particulier de la part des pouvoirs publics. Cette problématique a fait l'objet de plusieurs réflexions et de plans budgétaires importants. L'ancien titulaire dudit ministère, Hamid Temmar, a fait de cette stratégie son cheval de bataille sans pour autant réussir à la mettre sur rails. L'apport faible de l'industrie dans le développement de la croissance économique est un signe qui ne trompe pas. D'où l'urgence d'adopter une nouvelle stratégie. Selon M.Bacha, un nouveau plan d'action de mise en oeuvre de la stratégie industrielle sera bientôt proposé au gouvernement. Ce plan d'action, qui est un dispositif institutionnel visant à encourager la concertation et l'échange entre les opérateurs des différentes filières industrielles pour une meilleure exploitation de leurs potentiels, propose notamment la création d'un conseil national et d'un observatoire des industries agroalimentaires. La semaine dernière, le secrétaire général du syndicat du textile a carrément affirmé que l'Etat a failli. «On a fermé ces entreprises (...) car, il n'y avait pas d'idée sur la manière de créer un secteur intégré regroupant tous les maillons de la chaîne de cette industrie, de la production jusqu'à la distribution», a déploré le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir (Fnttc), M.Takjout. Intervenant en live sur la Radio nationale, ce responsable syndical a montré que le gouvernement manque de vision. Preuve à l'appui, des entreprises de distribution publiques, dont le chiffre d'affaires atteignait par le passé les 9 milliards de DA, ont été fermées. Pourtant, le marché de la confection en Algérie représente actuellement, environ 400 millions de mètres linéaires, soit 2 milliards de dollars en termes de valeur. Les entreprises nationales détiennent moins de 10% des parts du marché. Le gouvernement a opté pour la solution la plus simple, à savoir le bradage des entreprises du textile. Même si l'équipe Ouyahia ne reconnaît pas avoir échoué elle ne l'en exprime pas moins à travers la révision récurrente de plans déjà confectionnés. C'est le cas d'ailleurs pour le secteur de la santé dont le gouvernement compte revoir la stratégie. Sachant que le secteur est confronté à de sérieux problèmes, la tutelle revient à la case départ. Elle propose une nouvelle configuration du schéma de la santé. Un projet de loi est en cours d'étude au niveau de l'Exécutif. Ce dernier a chargé le ministre de la Santé d'élaborer un rapport général sur ce qui a été réalisé auparavant. Alors que des montants importants ont été dépensés dans la réforme hospitalière ces dernières années, le résultat est loin de répondre aux attentes et d'être celui souhaité. Les grèves et les pénuries de médicaments se multiplient. Le secteur de l'emploi n'est pas épargné. Les différents dispositifs créés dans ce sens n'ont pas justifié une politique de l'emploi qui s'avère plus hasardeuse que ciblée. Dans l'intervalle, le problème du chômage ronge une bonne partie de la jeunesse. Les dernières émeutes qui ont marqué le pays en témoignent. Afin de booster les mécanismes d'embauche, le gouvernement reprend, encore une fois, le dossier en main. Le secteur de l'agriculture et du commerce n'ont pas fait mieux. Malgré la multiplication des formules de sauvegarde, (syrpalac, fonds spécial), les prix des fruits et légumes restent scotchés au plafond.