Si L'hospitalisation du Raïs se confirme dans les heures qui viennent, ce serait une «mise à l'écart en douceur programmée» de Moubarak... Le président égyptien, Hosni Moubarak, est-il réellement malade? Ou cherche-t-il juste une sortie en douceur loin des feux de la rampe? Deux questions de taille à méditer et qui appellent deux scénarios possibles. Le premier, c'est l'hospitalisation du Raïs laquelle si elle venait à se confirmer dans les heures à venir, voudrait dire que cette éventualité de mise à l'écart est logique. D'autant plus que le président Moubarak, 82 ans, est souvent souffrant et soigné en Allemagne. Le second, il se pourrait qu'il s'agisse-là d'un alibi pour trouver une sortie honorable et en douceur pour le Raïs, vomi par son peuple révolté qui exige son départ pour que les foyers de tension soient éteints, mais aussi et surtout par la pression de l'Occident et à sa tête, les Etats-Unis d'Amérique lui intimant «l'ordre» d'oeuvrer, par conséquent, à l'avènement d'une transition démocratique immédiate. Selon les informations communiquées par le site Internet allemand d'information, Spiegel Online, «le président égyptien, Hosni Moubarak, pourrait venir effectuer un bilan médical prolongé sur le sol allemand». Cependant, la porte-parole du gouvernement allemand a, de son côté, assuré qu'il n'y avait eu ni demande officielle, ni demande officieuse concernant un tel séjour». Aussi, si l'on se fie au site allemand d'information, tout porte à croire que les supputations sur un possible séjour hospitalier de Moubarak en Allemagne sont confirmées. Aussi, souligne le même site, invoquant des sources proches de cette clinique, des discussions préparatoires avec les hôpitaux spécialisés sont en cours, en particulier avec la clinique Max-Grundig à Bühl dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest de l'Allemagne). Vraisemblablement, cette information ne manque, paraît-il, pas de crédibilité, sachant que depuis des lustres, la santé de Hosni Moubarak, 82 ans, était un sujet très sensible en Egypte. Elle avait même suscité des rumeurs, contradictoires, quant à son départ «prématuré» du pouvoir. Pour rappel, ce dernier a été contraint, durant l'été 2007, de faire une apparition publique pour couper court aux rumeurs et aux spéculations, qui avaient pris une ampleur telle que le chef de l'Etat était donné comme incapable de gérer les affaires du pays. A signaler que Hosni Moubarak a déjà subi, en mars 2010, une ablation de la vésicule biliaire et s'est fait retirer un polype du duodénum à la clinique d'Heidelberg (sud-ouest). En l'absence alors d'un vice-président chargé de l'intérim, le président égyptien avait confié ses prérogatives au Premier ministre Ahmed Nazif, le temps de son hospitalisation. En 2004, Hosni Moubarak avait déjà été hospitalisé, en Allemagne pour une hernie discale. Cependant, une autre lecture, quant à l'éventualité de l'hospitalisation de Moubarak en Allemagne, s'impose et laisse supposer qu'une sortie «en douceur et honorable» pour le Raïs se profile à l'horizon. Car, de très nombreux manifestants égyptiens, révoltés depuis 15 jours, souhaitent que le Raïs tire, le plus rapidement possible, les leçons de ses déboires et laisse ainsi à des hommes et des femmes éclairés le pouvoir qu'il détient en maître absolu sur l'Egypte, depuis 30 ans. De fait, le départ de Hosni Moubarak est considéré par les Enfants du Nil, qui ne décolèrent pas, un préalable fondamental, voire un impératif indirect par l'Occident et à sa tête Washington. Sachant que la Maison-Blanche maintient toujours sa position précise et claire, en appelant le régime Moubarak à passer dans l'immédiat à une transition démocratique, sans pour autant se limiter à des remodelages et opérer des pseudo-réformes. Il a ainsi suggéré, dimanche dernier, à Moubarak et aux autorités égyptiennes d'organiser des élections libres et démocratiques, et installer un gouvernement représentatif. Car, jusqu'ici, estime le président américain Barack Obama, les Egyptiens révoltés attendent toujours des actes concrets. A cela vient s'ajouter El Baradei, l'opposant le plus en vue au cours des précédents évènements et ceux en cours. Selon lui, la fin de règne qui touche tout le système Moubarak doit laisser place à la démocratie, la liberté, la justice, la justice sociale et le respect des droits de l'homme. Car, depuis 1952, en Egypte, tous les postes-clés du pouvoir, tous paliers confondus, sont détenus par des généraux, issus des différents corps de la hiérarchie de l'Armée ou du Parti de Moubarak (PND). Soulignons enfin que la fin de Moubarak est, selon bon nombre d'observateurs, une question de temps. Car, l'accélération des évènements, qui secouent l'Egypte sont, sans doute, une menace imminente pour les intérêts occidentaux, mais aussi la stratégie américaine au Moyen-Orient et la sécurité d'Israël, si le Raïs s'entête à s'accrocher, mordicus, au pouvoir. C'est dire que «le lâchage» de Moubarak par ses alliés est une donnée géostratégique, garante de l'équilibre au Moyen-Orient.