Cette petite île du Golfe va-t-elle être emportée par un tsunami populaire? Les manifestations ont pris une tournure dramatique, hier, au Bahreïn Les échauffourées qui opposent les citoyens aux forces royales, depuis lundi, ont fait deux morts. La réaction du souverain, Cheikh Hamad ben Issa Al Khalifa, a été immédiate. Il a annoncé, hier, la formation d'une commission d'enquête ministérielle pour déterminer les circonstances de la mort des victimes. Le ton royal est à la conciliation. Le roi a choisi de parler au peuple via la télévision. Il a exprimé son regret pour «la mort de deux de nos chers fils», tués lors de la dispersion de manifestations lundi et mardi. Le Cheikh Hamad ben Issa Al Khalifa voulait couper l'herbe sous les pieds des initiateurs de ces manifestations. Il a confié au vice-Premier ministre Jawad ben Salem al-Aarid la tâche de constituer «une commission spéciale pour déterminer les raisons qui ont mené à ces incidents regrettables et que notre premier souci est la sécurité du pays et des citoyens». Le choix de Jawad ben Salem, chiite, n'est pas fortuit. Les Chiites constituent la majorité écrasante de la population, authentique, des Bahreïnis sur un nombre d'habitants estimé à 1,2 million de personnes. Fait important: la communauté étrangère est majoritaire sur la population globale du Bahreïn. Elle est constituée de 650 000 personnes. La famille royale est issue de la minorité sunnite du pays. Aussi, le roi de Bahreïn multiplie les manoeuvres pour juguler les manifestations populaires. A cet effet, il a déclaré qu'il allait «demander au pouvoir législatif de se pencher sur ce phénomène». Les mesures du souverain ne s'arrêtent pas à ce stade. «Nous allons demander au pouvoir législatif de proposer les législations adéquates pour y remédier dans l'intérêt de la nation et des citoyens». Le roi veut se montrer à l'écoute des doléances des manifestants, dont la quasi-totalité est chiite. Il a souligné que «les réformes se poursuivent à Bahreïn et ne s'arrêteront pas». Aussi, il assuré que «la liberté d'expression est un droit reconnu par la Constitution». Le cheikh Hamad a succédé à son père, au trône, en mars 1999. Il a lancé, en 2001, un processus d'ouverture politique. Ce processus est venu après une période de troubles antigouvernementaux animés par l'opposition chiite. Cette dernière réclamait le rétablissement du Parlement, dissous en 1975. Les violences avaient fait une quarantaine de morts. Après ces troubles, le Bahreïn s'est doté en 2002 d'un Parlement bicaméral. Son fonctionnement repose sur le partage du pouvoir législatif entre une Assemblée de 40 membres élue au suffrage universel direct et un Conseil consultatif dont les 40 membres sont désignés par le souverain. A l'image de la Tunisie et de l'Egypte, les protestations au Bahreïn se sont déclenchées à l'initiative d'internautes. Lesquels internautes ont appelé sur Facebook à manifester pour réclamer des réformes politiques et sociales. Le vent de colère qui souffle sur le Monde arabe risque de faire tomber de nouvelles têtes.