«Le Kosovo s'approche de ce troisième anniversaire avec une position dégradée auprès du monde occidental, qui a rendu possible l'indépendance de cette jeune nation», souligne l'analyste Ylli Hoxha. Le Kosovo, qui continue de faire face à d'immenses obstacles politiques et économiques, voit son image internationale ternie alors qu'il s'apprête à célébrer demain le troisième anniversaire de la proclamation de son indépendance. «Le Kosovo s'approche de ce troisième anniversaire avec une position dégradée auprès du monde occidental, qui a rendu possible l'indépendance de cette jeune nation», souligne l'analyste Ylli Hoxha. «Trois ans après l'indépendance et peinant toujours pour de nouvelles reconnaissances, le Kosovo ne peut pas se permettre de fermer les yeux» sur les révélations du rapport de Dick Marty, estime M.Hoxha, directeur du Club pour la politique étrangère de Pristina. M.Hoxha se réfère au rapport de Dick Marty (Conseil de l'Europe) sur un trafic d'organes présumé par des maquisards kosovars à la fin des années 90. Le rapport mentionne, notamment le nom du premier sortant, Hashim Thaçi, qui a rejeté avec force les accusations du parlementaire suisse. Le rapport «a nui de façon supplémentaire à l'image du Kosovo qui est déjà mauvaise», indique l'analyste Enver Robelli: «Le nouvel Etat a désormais l'image d'une zone criminalisée et de nombreux hommes politiques européens, notamment les ministres de l'Intérieur, s'opposeront désormais à la libéralisation du régime de visas (pour les Kosovars souhaitant se rendre en Europe), craignant une vague de réfugiés et d'expansion du crime». Ce problème s'ajoute à celui, récurrent, de la faiblesse de l'économie qui entrave la mise en place d'un Etat viable. Le Kosovo est l'une des régions les plus pauvres de Europe avec un taux de chômage de 40%/. 45% de ses deux millions d'habitants vivent dans la pauvreté. Korab Ajeti, 27 ans, tout en estimant que le 17 février, date de l'indépendance, jouit d'un «statut sacré», n'hésite pas à dénoncer l'absence de résultats. «Je vois peu de progrès et beaucoup, beaucoup d'échecs», dit-il citant les exemples de l'économie et de l'éducation comme domaines où les problèmes sont les plus grands. «Il aurait été irréaliste de s'attendre à des miracles en trois ans, mais l'Etat n'a pas fait pour ses citoyens ce qu'il aurait pu faire, même avec des ressources limitées», a déclaré le président de la Chambre du commerce kosovare, Safet Gerxhaliu. Par ailleurs, le gouvernement du Kosovo a été secoué par plusieurs enquêtes menée par la Mission de police et de justice de l'UE au Kosovo (Eulex) sur des détournements de fonds dont sont soupçonnés de hauts fonctionnaires. «Cela dégrade davantage la perception du pays. Nous avons désormais l'image d'un pays où la corruption est inhérente au processus de prise de décisions», fait valoir M.Hoxha. M.Thaçi est désormais pressé, sur le plan intérieur et international, de former un nouveau gouvernement, issu des législatives anticipées de décembre dernier remportée, par son Parti démocratique du Kosovo (PDK), avec des personnalités en dehors de tout soupçon. Le Kosovo, qui a proclamé son indépendance le 17 février 2008, a été reconnu à ce jour par 75 Etats, dont les Etats-Unis et 22 des 27 pays membres de l'UE. La Serbie continue, elle, de considérer le Kosovo comme sa province méridionale. Belgrade et Pristina ont accepté l'automne dernier le principe de l'ouverture d'un dialogue sous l'égide de l'UE qui doit porter sur différents problèmes pratiques (télécommunications, douanes...) susceptibles d'améliorer la vie des gens, avant d'aborder des sujets plus sensibles, tels que les personnes disparues pendant le conflit de 1998-99. «Le Kosovo n'est pas prêt et n'a pas préparé de stratégie pour ce dialogue avec la Serbie», selon M.Robelli. Aucune cérémonie de haut niveau n'est prévue jeudi au Kosovo pour l'anniversaire de l'indépendance, qui se déroulera dans une atmosphère bien morose. Le quotidien Koha Ditore a rapporté lundi que l'anniversaire serait célébré «uniquement au niveau local», municipal.