La police aurait été mobilisée depuis plusieurs semaines. Quelques heures avant le début de la deuxième marche populaire à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd), tous les accès à la capitale ont été bouclés par les services de sécurité. «Ils nous ont arrêtés et confisqué nos papiers sans nous donner la moindre explication», nous a affirmé, dans la matinée d'hier, Yanis 30 ans, informaticien venu de Tizi Ouzou avec quelques amis. Quelque quarante mille policiers avaient été déployés, selon Me Ali Yahia Abdenour. Il s'agit du plus grand dispositif de sécurité jamais mis en place depuis des années. Les milliers de policiers déployés dans les grands boulevards, dans les ruelles...dans les coins et recoins du centre-ville avaient une seule mission: empêcher une manifestation pacifique organisée par les forces de l'opposition. A la place du 1er Mai, lieu de rendez-vous des manifestants, la situation était plus tendue qu'ailleurs. Deux jours avant le 19 février, des affiches ont été placardées sur les murs. «Ne touche pas à mon quartier. Ne marche pas sur ma tranquillité et ma liberté», pouvait-on y lire. Les habitants du quartier, interrogés, affirment pourtant n'être pas à l'origine de cet appel. Tôt le matin, toutes les placettes du 1er Mai où les participants pouvaient se rassembler ont été quadrillées. Aucun regroupement, aucune halte n'était toléré par les forces de sécurité. «Circulez, circulez», tonnaient les nombreux policiers. «Vous n'avez pas le droit de rester ici, circulez», fait remarquer un agent de police à un journaliste. Dix heures trente passées de quelques minutes, un premier groupe de manifestants fait son apparition en entonnant des chants patriotiques et scandant: «Djazaïr hourra dimocratia (Algérie libre et démocratique)», «Y en a marre de ce pouvoir». Ces derniers ont été vite repoussés vers les ruelles parallèles à la rue Mohamed Belouizdad puis dispersés. Tous les groupes qui se sont formés par la suite ont connu le même sort. Les nombreux manifestants se sont dispersés dans le calme mais étaient déçus. «pourtant on voulait juste marcher dans notre capitale» regrette Karim nous donnant rendez-vous pour la semaine prochaine.