«Les infirmiers nous assurent une prise en charge correcte», assure une malade à l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. «C'est le ministère de la Santé qui prend les malades en otages et non les paramédicaux», tranche Nacera Rabhi, chef de service au sein d'une entreprise publique. Elle est en compagnie de sa nièce, malade. Toutes les deux attendent leur tour à l'entrée du service neurologie, aux urgences du centre hospitalo-universitaire Mustapha-Pacha, à Alger. Nacéra est pour la grève des paramédicaux. «Leurs revendications sont légitimes», soutient-elle. Assurent-ils le service minimum pour les malades? Réponse affirmative de la nièce. «Les infirmiers nous assurent une prise en charge correcte», assure-t-elle. Et Nacera de renchérir: «Je ramène ma nièce pour la troisième fois à l'hôpital. Aujourd'hui encore (hier), les infirmiers assurent le minimum requis.» Les urgences de l'hôpital ne désemplissent pas. Les cas à prendre en charge sont multiples. Cela dit, les infirmiers veillent au grain. «Nous sommes en contact permanent avec le malade. Alors, nous sommes bien placés pour mesurer l'importance de sa prise en charge», indique M.Rouchiche, membre de la section du Syndicat algérien des paramédicaux au niveau du CHU-Mustapha-Pacha. A quelques mètres plus bas, des centaines d'infirmiers observent un sit-in. Ils s'apprêtent à organiser une marche à l'intérieur de l'hôpital. Des banderoles sont brandies. Des slogans fusent. «Statut! Dignité!», revendiquent les grévistes. La foule s'ébranle en direction du Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc). A l'entrée du Cpmc, un autre sit-in est tenu. Une ambulance arrive. Une femme est transportée sur un brancard à l'intérieur du Cpmc. «Si son cas le nécessite, nous la prendrons en charge en urgence. La santé du malade passe avant tout», martèle Hacène Tamourt, secrétaire de la section du SAP au Cpmc. Une infirmière s'approche. «Je suis moi-même malade. Je devais être opérée hier (lundi). J'ai été reportée à cause de la grève. Et je suis là, je manifeste avec mes collègues», précise-t-elle. Le premier carré des marcheurs arrive. Les paramédicaux du Cpmc le rejoignent. Leurs mots violents traduisent leur colère. «O la honte! ministère (de la santé) sans pouvoir de décision!», crient les dizaines de contestataires. L'hôpital vibre au rythme de leurs cris. La quasi-totalité du personnel paramédical, a encore une fois, répondu à l'appel du SAP. Cette protestation bénéficie du soutien, sinon de la sympathie des malades et de leurs parents. «Ma mère (85 ans) a été ramenée à l'hôpital vers 5h du matin. Elle a été prise en charge comme il se doit. Au moment où je vous parle, elle est admise au service cardiologie», témoigne Salem, un homme la cinquantaine révolue. Un autre témoignage. Il s'agit de celui d'un jeune qui a ramené sa mère au service de radiothérapie, à l'annexe du Pr Ghouadri Rachid du Cpmc. «Pour le moment, sa prise en charge ne souffre d'aucune faille» avoue-t-il. Les slogans fusent toujours. Ils annoncent une journée de protestation importante. Aujourd'hui, six syndicats autonomes du secteur de la santé observent un rassemblement. Paramédicaux, praticiens généralistes et spécialistes, hospitalo-universitaires et membres de l'Ordre des médecins constituent un front commun. Ils ont annoncé qu'ils boycottaient «la démarche de la tutelle», concernant l'élaboration de la nouvelle loi sur la santé. Le bras de fer est engagé. Qui des professionnels de la santé et du ministère aura le dernier mot?