Le chef du Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que sa formation victorieuse au scrutin du dimanche 3 novembre avec plus de 34,2% des voix, obtenant 363 des 550 sièges au Parlement turc fera de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne sa priorité. «AKP est prêt à prendre la responsabilité de développer la volonté politique pour accélérer le processus d'entrée dans l'Union européenne et de renforcer l'intégration de notre économie à l'économie mondiale et l'application du programme économique», a déclaré l'ancien maire d'Istanbul. Des déclarations qui interviennent au moment où le premier responsable de l'Union européenne indiquait que le prochain gouvernement turc devra être jugé sur ses actes. Javier Solana, dans un entretien accordé au quotidien Le Monde publié hier, a déclaré: «Si nous prenions des décisions ou faisions des déclarations sur le simple fait qu'un parti est ‘‘islamiste'', modéré ou pas, nous ferions une grande erreur.» «Le point le plus important est de savoir comment ils vont se comporter avec le Fonds monétaire international (FMI). Sur le plan des relations avec l'Union européenne, toutes les déclarations de la campagne électorale ont été positives: il y a manifestement une volonté de poursuivre le rapprochement avec l'Union.» M.Solana estime que les premières déclarations de l'AKP «vont dans le bon sens», notamment s'agissant de la situation économique. Il juge cette victoire «impressionnante» tout autant que la «rude défaite» des partis traditionnels turcs. M.Solana se félicite également des déclarations «toutes positives» des responsables de l'AK faites à propos de l'Union européenne lors de la campagne électorale. «Il y a manifestement une volonté de poursuivre le rapprochement avec l'Union», a enfin jugé M.Solana. De son côté, le représentant du gouvernement allemand, a déclaré, hier, espérer un «gouvernement stable» en Turquie après l'écrasante victoire des islamistes aux dernières élections. Le gouvernement allemand «a pris connaissance avec bienveillance des premiers signaux positifs», a déclaré un porte-parole du gouvernement allemand. Il a notamment cité pour étayer ses dires les déclarations de AK de continuer à travailler avec le FMI et de suivre une politique pro-européenne. Fin octobre, l'Allemagne avait amorcé une bombe potentielle pour le Sommet européen de décembre à Copenhague en réclamant que soit mis en marche le processus pour les négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, un appui soudain qui traduirait des pressions américaines. La perspective plus concrète d'adhésion pourrait toutefois avoir un intérêt pour l'Allemagne: celui d'encourager la volonté d'intégration des quelque 2,6 millions de Turcs qui y résident.