Le ministre libanais de Télécommunications, un allié du Hezbollah chiite, a affirmé hier avoir refusé de soumettre des données demandées par le tribunal de l'ONU en charge d'enquêter sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Charbel Nahas, ministre en exercice depuis la chute en janvier du gouvernement de Saad Hariri, a expliqué que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) lui avait «demandé des données liées à des communications téléphoniques de citoyens libanais au cours des sept (dernières) années». Selon le ministre, qui n'a pas répondu à ces requêtes, ces demandes sont «contraires aux lois libanaises concernant le secret des télécommunications et l'immunité des députés et des présidents». Le TSL, basé près de La Haye, a été créé par l'ONU pour identifier et juger les auteurs de l'attentat qui avait coûté la vie à Rafic Hariri et à 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth. Le Hezbollah s'attend à être mis en cause dans l'acte d'accusation du TSL et accuse le tribunal d'être instrumentalisé par Israël et les Etats-Unis. Après des mois de crise autour sujet du TSL, les ministres du parti chiite et de ses alliés ont démissionné le 12 janvier, provoquant la chute du gouvernement de Saad Hariri, fils de Rafic. Mais ils continuent de gérer les affaires courantes, le nouveau cabinet n'ayant pas encore été formé. M.Nahas a décidé de transférer les demandes du TSL au Conseil des ministres, sachant que ce dernier ne peut se réunir, le gouvernement étant démissionnaire. Mais Saad Hariri a envoyé deux lettres au ministre lui demandant de coopérer avec le TSL et lui rappelant que le Liban était tenu de collaborer avec cette instance. Selon la presse, trois autres ministres (Transports, Intérieur, Energie), dont un allié du Hezbollah, auraient également refusé de soumettre des données au tribunal de l'ONU.