Pour les délégués des étudiants, il s'agit d'une fuite en avant d'un ministre qui ne peut assumer son comportement. Tant attendue, notamment par la communauté estudiantine, l'apparition de Rachid Harraoubia, jeudi, à l'émission «Fi Daïrati Edhaou», est renvoyée aux calendes grecques. La réconciliation n'a pas eu lieu. Après plusieurs jours de silence, en dépit de nombreux sit-in devant son département et de moult sollicitations, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique brille encore par son silence. «Il n'a rien à dire». Laconique, Yahia, délégué des étudiants de Boumerdès, exprime le dilemme auquel est confronté le ministre. Ce dernier n'a pas d'autre choix que de répondre aux revendications des étudiants en grève illimitée depuis plusieurs jours. Pour cet étudiant en 1re année de magister «maintenance industrielle,» «c'est la fuite en avant d'un ministre qui ne peut assumer son comportement». En effet, depuis trois semaines, le ministre n'a pas prononcé le moindre mot laissant des milliers d'universitaires sur leur faim. Faire la sourde oreille peut mener à une situation de non- retour. L'université traverse une période de crise inquiétante. Et Harraoubia «ne veut pas affronter la réalité». Net et précis, Mohamed étudiant en 3e année à l'Ecole nationale polytechnique (ENP), joint hier par téléphone, met le ministre devant ses responsabilités. Soit il se mure dans un silence injustifié, soit il avance des promesses qu'il ne tient pas. L'équivalence des diplômes entrant dans le système classique et ceux découlant du LMD est l'une des étincelles ayant contraint ces milliers d'étudiants à geler leurs cours. Après avoir déclaré que ce dossier ne relève pas de son ministère, il a cédé finalement au forcing des étudiants. Il a décidé d'associer les universitaires à l'élaboration des textes inhérents à ce dossier. Cependant, cette question demeure dans le flou total. Contre toute attente, la tutelle a décidé d'écarter les étudiants des conférences régionales et nationales. Ce n'est pas tout. Le début de l'élaboration des nouveaux textes, prévu pour le 27 février par le ministre lui-même, connaît déjà un retard d'une semaine. «Le ministre veut gagner du temps», poursuit Mohamed de l'Entp. D'ailleurs, il sera impossible au ministère de finir ce travail à temps. Face à un ministre qui fait l'actualité par des agissements incompréhensibles, le camp des étudiants en grève s'élargit. A ce mouvement, se sont joints les étudiants de la faculté de Bouzaréah et de pharmacie. «Les étudiants sont conscients et font preuve d'une détermination sans précédent. Nous sommes prêts à étudier en été, à tout faire pour arracher nos droits», a fait savoir Yahia, le délégué de l'université de Boumerdès. Il convient de préciser que les délégués sont en train de préparer une lettre ouverte au président de la République. Notre interlocuteur affirme qu'une rencontre aura lieu la semaine prochaine pou «arrêter la date du sit-in devant le Palais d'El Mouradia».