Une bouffée d'oxygène s'est infiltrée avec ce vent de liberté et les barrières du silence sont défoncées. Des personnalités politiques qu'on croyait «révolues» avec la mise à mort programmée des bonnes volontés, marquent leur retour sur la scène politique nationale. Ils ont pour nom: Abdelhamid Mehri, négociateur des Accords d'Evian en 1962, qui a tenté de remettre le FLN sur rail avant d'en être évincé, Hocine Aït Ahmed, le prisonnier d'Aulnay, l'homme de Sant'Egidio, président du plus vieux parti d'opposition (FFS) en Algérie, Mouloud Hamrouche, l'homme de la Constitution du 23 février 1989 qui a ouvert une brèche pour la liberté et la démocratie, aussitôt fermée par les partisans du statu quo. D'autres personnalités sont également revenues avec ce vent qui a soufflé pour apporter la liberté. Djamal Zenati, ex-cadre du FFS et directeur de campagne d'Aït Ahmed lors de la présidentielle de 1999, Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, Abdallah Djaballah, l'islamiste convaincu, ont investi, eux aussi, le terrain ces derniers jours, en proposant des solutions à la crise multiforme algérienne. Ainsi, la scène politique nationale bouge. Il aura suffi d'une flambée des prix de l'huile et du sucre (spontanée ou provoquée) qui a engendré cinq nuit d'intenses émeutes pour que l'ordre «établi» soit «rétabli». Il aurait suffi d'un rien pour que la situation soit bouleversée et le champ que certains cercles voulaient garder muet, chamboulé. L'état d'urgence est levé, la télévision commence à s'ouvrir sur la vraie société, au terme de deux Conseils des ministres convoqués en urgence pour parer à l'urgence. Une bouffée d'oxygène s'est infiltrée avec ce vent de liberté. Les activités politiques et les initiatives se multiplient. Toutes ces personnalités partagent la même conviction du changement même si elles différent sur les moyens et les voies à mettre en oeuvre. De ce fait, le trio Aït Ahmed-Mehri-Hamrouche a toutes les chances de se ressouder. La lettre envoyée le 16 février 2011 par Mehri au chef de l'Etat algérien dans laquelle il lui propose une sortie de crise, a été accueillie par le soutien de Hocine Aït Ahmed. Lors du dernier meeting du FFS le 4 mars 2011, Mehri a envoyé une lettre de soutien au FFS affirmant qu'il continue de travailler avec ce parti. Retrouvailles. Des sources au FFS affirment que le président du parti rentrera au pays ce 19 mars, Journée nationale du chahid, pour rencontrer Mehri et Hamrouche et relancer l'initiative. Ahmed Benbitour, ancien chef de gouvernement, est revenu, lui aussi, ces derniers jours avec insistance pour appeler au changement. Dans ce sillage, il a lancé, avec certains partis, l'Alliance nationale pour le changement (ANC). Il propose un Congrès national de l'opposition. De par ses positions, Benbitour ne fait que rejoindre la proposition de Djamal Zenati et se rapprocher du trio. Dans la foulée de cette ouverture, l'ex-dirigeant des partis islamistes El Islah et Ennahda, Abdallah Djaballah, a resurgi pour revendiquer la paternité de ces deux partis. Dans un meeting animé avant-hier à Annaba, Djaballah a stigmatisé le pouvoir et a critiqué le ministère de l'Intérieur qui a avalisé le détournement de ses deux partis politiques. Selon lui, «comme cela s'est passé en Tunisie et en Egypte et comme cela se passe actuellement en Libye, Bahreïn et dans d'autres pays du Monde arabe, les peuples bougent et renverseront tout sur leur passage. Le tour de l'Algérie n'est pas loin». On agite le nom de Ali Benflis, ex-secrétaire général du FLN, ex-candidat à l'élection présidentielle de 2004, et pour certains, il est toujours SG du FLN. Un communiqué signé par «le Rassemblement des légalistes du FLN» affirme soutenir Benflis avant qu'un autre communiqué signé par le directeur de campagne de Benflis en 2004, ne précise que le contenu du premier communiqué n'engage que ses signataires.