Le hameau occupé par une soixantaine de familles se trouve à 5 kilomètres de Bouira. Enessiss, le mot n'évoque rien au commun des Algériens sauf pour les natifs de la ville de Bouira. C'est le nom d'un hameau occupé par une soixantaine de familles et sis à moins de 5 kilomètres du chef-lieu de la commune. Pour y accéder, il faut emprunter une piste qui traverse l'autoroute Est Ouest. Il a fallu l'installation d'un richissime homme d'affaires pour voir cet accès bitumé à moitié. En effet, depuis la route menant vers Aïn Bessem et jusqu'à la plate-forme logistique d'un groupe agroalimentaire en réalisation, le chemin est confortable. Passé le pont, la piste est impraticable en hiver comme en été. Perché sur un mont qui surplombe la ville chef-lieu, le hameau ne dispose d'aucune commodité pour une vie décente. Les maisons réalisées sur les deux côtés de la piste, se bousculent sans aucun aménagement, ni architecture. L'éclairage public, inexistant, complique la vie des habitants qui ne peuvent pas sortir sans prendre le risque d'être attaqués par des animaux sauvages qui rôdent dès le coucher du soleil. Le risque est aussi encouru par les enfants scolarisés qui, tôt le matin, se dirigent vers les écoles avoisinantes. L'inexistence d'une structure de santé pour assurer les premières interventions oblige les occupants à recourir aux véhicules particuliers pour évacuer leurs malades. Les jeunes, qui n'ont aucun lieu pour occuper leur temps, s'exilent la journée vers Bouira et ne rentrent que le soir pour dormir. «Il nous faut un stade, une maison de jeunes, un centre de santé...», nous dit un jeune qui travaille comme cafetier à Bouira. Même si le gaz de ville est tout proche, le village continue à utiliser les bouteilles de butane. «En été le problème est supportable mais en hiver et vu la hauteur, le gaz est une vraie corvée», ajoute notre interlocuteur. La réalisation d'une plate-forme logistique à proximité du village ne suscite pas la joie. «A son ouverture, cet établissement sera un réel danger pour nos enfants à moins qu'on décide de relier notre village par une autre route», s'inquiète ammi Amar, le vieux du village qui, en temps libre, assure les prières dans une petite salle qui fait office de mosquée. Relevant des compétences administratives de la commune de Bouira, le village est isolé au nord par l'autoroute Est-Ouest. De nombreuses familles propriétaires de terrains agricoles situés sur l'autre rive se plaignent. La réalisation d'un pont est certes, une solution, mais il oblige les habitants à faire plusieurs kilomètres pour aller travailler dans leurs champs. Parmi les multiples doléances soulevées par les occupants, figure celle relative aux réseaux d'assainissement. Les fosses septiques sont un danger réel surtout que le village est situé en amont d'une nappe phréatique importante qui alimente la partie Ouest de Bouira, le village de Saïd-Abid et même une partie de la commune de Ain El Hadjar, daïra de Aïn Bessem. Dans une rencontre avec les responsables, nous avons appris que plusieurs exigences des citoyens sont retenues parmi les priorités du plan quinquennal actuel. Un groupe scolaire, les aménagements urbains, l'ouverture d'une route, une salle de soins...sont autant de structures prévues dans ce village. La zone est promise à un avenir certain surtout que le développement de la ville est dirigé vers l'ouest, le nord étant saturé.