La concurrence étrangère déloyale dans ce secteur a été vivement dénoncée. Intervenant hier lors d'une table ronde organisée au forum El Moudjahid, Me Rachid Ouali, avocat agréé près la Cour suprême et le Conseil d'Etat, n'a pas été de main morte pour critiquer le système actuel du secteur juridique. Le conférencier, qui a prévenu que «l'avenir des professions juridiques est fort compromis», est revenu longuement sur le passé «méconnu, a-t-il dit, des confrères». Il a rappelé à cette occasion, l'histoire plus que séculaire du «barreau d'Alger, qui existe depuis 1848 (et considéré, Ndlr) comme étant le premier en Afrique et dans tout l'Empire français de l'époque. Le premier bâtonnier algérien à présider cette institution en 1963, a précisé Me Ouali, fut Maître Kaddour Satour auquel a succédé Maître Amar Bentoumi devenu plus tard le premier ministre de la Justice de l'Algérie indépendante.» Le conférencier a en outre, rappelé la célébration, chaque année, de la «Journée nationale de l'avocat» le 23 mars, date commémorant l'assassinat en 1957 du militant et brillant avocat du FLN, Maître Ali Boumendjel par le tortionnaire de triste réputation, le général Aussaresses. L'orateur ne manquera pas non plus d'évoquer l'assassinat par la sinistre organisation contre-révolutionnaire La Main rouge de plusieurs avocats dont il citera Me Oussedik ou encore Me Ould Aoudia. Pour mieux valoriser l'importance de ce secteur, il rappellera également que feu Houari Boumediene «avait nationalisé, en 1979, toutes les institutions hormis le barreau comme il l'avait fait pour les autres professions libérales comme celles des notaires et des huissiers. Le barreau était devenu alors un simple organisme pendant une courte période». Me Ouali a souligné, par ailleurs, que le mandat de président du bâtonnier est «limité à deux ans, avec possibilité de retour au poste après deux ou trois mandats assurés par des tiers. Cette présidence avait été assurée pendant 10 ans exceptionnellement durant le terrorisme par Maître Habèche. Celui-ci avait été rappelé par les avocats eux-mêmes après la gestion d'un mandat sans reproche du barreau». Evoquant l'évolution des droits de l'homme et se félicitant des avancées enregistrées dans le monde carcéral, il a clamé que «nul ne peut violer la dignité de l'Homme». Il a cependant dénoncé la «concurrence déloyale que mènent des cabinets d'avocats étrangers qui activent avec un simple registre du commerce à l'exemple du cabinet «Kpmg», installé depuis une dizaine d'années à Alger. Ne connaissant pas les particularités des lois algériennes, ces cabinets, a indiqué Me Ouali, n'hésitent pas du reste à sous-traiter chez des avocats nationaux. Cette rencontre-débat entre professionnels du secteur était présidée par le vice-président de la Chambre nationale des huissiers d'Algérie, Maître Ahmed Mahmoudi, aux côtés duquel se trouvaient, notamment Me Merouane Azzi et Mez Rachid Ouali. Le thème de cette table ronde a porté sur «L'avenir des professions juridiques et l'apport de la réforme à son évolution».