Dorénavant, les Algériens seront complètement livrés au diktat des commerçants, notamment durant le ramadan, et ce, après que les pouvoirs publics se sont officiellement désengagés quant à la régulation des prix. Désormais, c'est la loi de l'offre et de la demande qui régit les cours du marché. Selon M.Lamari, directeur du contrôle de la qualité et des prix (DCP), «avec l'ouverture du marché, nous sommes obligés de laisser les prix libres. On tiendra compte seulement de l'affichage des prix.» Bien que beaucoup ne voient peut-être pas la différence entre le rôle de la DCP hier et aujourd'hui - puisqu'elle n'avait pratiquement pas d'effet sur terrain (les prix ont toujours flambé durant ce mois) - il n'en reste pas moins que cette liberté «inconditionnelle» accordée aux commerçants risque d'avoir des conséquences très onéreuses, voire destructrices pour les consommateurs. D'autant plus que l'affichage des prix ne changera absolument rien au cours des choses, ni au fond du problème (la cherté des prix), même si les produits (agricoles notamment) sont disponibles, apprend-on. Pour sa part, la DCP va devoir changer de nomination (et de vocation peut-être) pour devenir, croit-on savoir, une simple direction du commerce de wilaya. Quant à sa deuxième mission (la qualité), il semblerait que cet organisme aura du pain sur la planche durant ce mois. En effet, un programme spécial ramadan a été élaboré depuis deux mois en matière de contrôle de la qualité des produits, notamment ceux provenant d'outre-mer. Durant les semaines écoulées, la DCP a effectué des contrôles au niveau de toutes les chaînes de production et de distribution afin de limiter le maximum de risques. Cette approche préventive a permis de détecter nombre d'infractions et d'anomalies sur des produits à grande consommation. Les services de la DCP ont réussi à mettre hors «d'état de nuire» une importante quantité de pâté importé de manière frauduleuse en provenance des pays scandinaves. La marchandise a été introduite par le Maroc. Evidemment, ce n'est pas un cas «isolé» puisque d'autres infractions ont été enregistrées. D'ailleurs, rien qu'en sachant que le nombre d'interventions dans ce registre (qualité douteuse) est de 816 et un nombre de 407 P-V, pour une valeur marchande de 1 million de dinars, l'on se rend compte de l'ampleur de cette situation préoccupante. Un autre grand problème caractérise également le marché local. Il s'agit de la contrefaçon qui concerne beaucoup plus les cosmétiques et les détergents. Durant l'année en cours, des marchandises contrefaites d'une valeur de 316 millions de centimes ont été saisies. Les plus grandes marques qui sont reproduites sont FA et Adidas dans l'équipement sportif. Ce sont souvent les producteurs, semble-t-il, qui dénoncent ce genre de pratiques, car étant profondément affectés par la concurrence déloyale. Notons que durant ces deux dernières années, plus d'une centaine de dossiers relatifs à la contrefaçon sont devant la justice. Interrogé sur les auteurs, notre interlocuteur nous attestera que les enquêteurs parviennent parfois à remonter aux producteurs trafiquants. Mais, ce n'est pas aussi facile pour les produits contrefaits provenant de l'étranger, car l'importation se fait dans l'anonymat...La question qui restera sans doute sans réponse est de savoir comment ces marchandises importées sont écoulées le plus normalement sur le marché sans qu'on arrive à mettre la main sur les auteurs ou même, à défaut, sur les complices. Sachant que bon nombre de ces produits représentent une menace réelle sur la santé du consommateur, il faut dire qu'il y a de quoi s'interroger sur bien des choses...