A quelques jours du référendum prévu samedi en Egypte sur les amendements à la Constitution, de plus en plus de voix s'élèvent pour appeler à voter «non», voire à annuler la consultation, jugeant que les changements proposés ne vont pas assez loin. Les deux candidats déclarés à la présidence Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, et Mohamed El Baradei, l'ancien patron de l'Aiea, ont annoncé qu'ils voteraient contre, en estimant que «rapiécer» la loi fondamentale n'est pas suffisant. Hier, «la coalition des jeunes de la révolution», regroupant les militants pro-démocratie ayant lancé le soulèvement contre le régime de Hosni Moubarak, a elle aussi appelé à voter «non» en exigeant une nouvelle Constitution. Seule la puissante confrérie islamiste des Frères musulmans, le plus organisé des mouvements d'opposition, a appelé à voter «oui». «Les amendements constitutionnels ne sont pas suffisants pour satisfaire les revendications de la révolution et des révolutionnaires mais le pays passe par une étape critique (...) qu'il faut dépasser par le biais de ces amendements, afin de passer d'une période de transition à une période de stabilité», a affirmé un haut responsable de la confrérie, Mohammed Mursi, sur le site Internet des Frères. Les Egyptiens sont appelés samedi à se prononcer sur ces amendements proposés par une commission de juristes nommée par l'armée, qui gère le pays depuis la démission le 11 février sous la pression populaire de M.Moubarak. Ce panel a notamment proposé que le président de la République ne puisse plus effectuer que deux mandats consécutifs de quatre ans chacun et que les conditions de candidature à la magistrature suprême soient allégées. Aux termes de la Constitution actuellement suspendue par l'armée, le président peut se présenter indéfiniment et le mandat présidentiel est de six ans. Insuffisant, estiment plusieurs forces politiques. «Je refuse les amendements et je vais voter contre», a récemment affirmé à la presse M.Moussa, en estimant que les pouvoirs du président devaient être réduits. M.El Baradei réclame pour sa part une nouvelle Constitution. «Etant donné la division du peuple concernant les conséquences du référendum, l'annuler jusqu'à ce que les choses soient plus claires est dans l'intérêt de tout le monde», a-t-il affirmé hier sur son compte Twitter, après avoir appelé à voter «non». Le Prix Nobel de la Paix 2005 demande la formation d'un «conseil présidentiel» formé de deux civils et d'un militaire qui gèrerait le pays pendant une période de transition allant jusqu'à deux ans, au cours de laquelle une assemblée constituante serait formée pour élaborer une nouvelle Constitution. Des demandes appuyées par la coalition des jeunes de la révolution. «Nous disons» ‘‘Va voter et dis non''». Nous voulons une nouvelle Constitution et le prolongement de la période de transition avec la création d'un conseil présidentiel», a affirmé Chady Ghazali Harb, membre de la coalition.