L'ancien secrétaire général du FLN a appelé à la tenue d'un congrès national pour le changement pacifique du système. «Dire que Mehri et Aït Ahmed (président du FFS) se sont alliés avec le Président de la République pour isoler les généraux, relève d'une élucubration», a déclaré, hier, l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, lors d'une conférence de presse animée au siège du FFS, à Alger. Cette position tranche avec la thèse répandue, récemment, sur l'existence d'un axe Mehri-Aït Ahmed-La Présidence pour éviter la vacance du pouvoir au sein de la plus haute institution du pays. «Je pense que ni Aït Ahmed ni moi, ne sommes en mesure de sauver le régime actuel», a-t-il ironisé. En homme politique avisé, M.Mehri a attiré l'attention sur un point: ne pas faire du départ de Bouteflika un impératif pour le changement. «Nous assistons à l'émergence d'une revendication qui fait du départ du président le point de départ du processus de démocratisation du pays», a-t-il signalé. M.Mehri a rejeté, en bloc, cette thèse. «L'expérience de la fin des années 1990 suffit pour démontrer l'invalidité de cette thèse. A l'époque, le président Chadli Bendjedid a été poussé à la démission. Chadli est parti, mais le système demeure», a-t-il regretté. M.Mehri a, ainsi, averti contre les retombées de la reconduction de ce scénario. Il a, en ce sens, apporté une précision de taille: «A la revendication de la chute du système, je préfère celle du changement». M.Mehri a expliqué que l'option du changement pacifique «comprend la phase de la construction démocratique de l'Etat.» Pour M.Mehri, la construction d'une alternative politique au départ «de ce système obsolète» est la condition sine qua non pour assurer la réussite de la transition démocratique souhaitée. La conférence d'hier a été l'occasion pour M.Mehri d'apporter des éclaircissements sur sa lettre adressée, ces derniers jours, au président de la République. Pour commencer, il a coupé court à toute spéculation sur sa rencontre avec le chef de l'Etat. «Je n'ai pas rencontré le Président depuis la diffusion de ma lettre», a-t-il démenti. Le décor planté, le conférencier est revenu sur les motivations de sa lettre ouverte, parue ces derniers jours dans la presse. Cette lettre repose sur trois «notions fondamentales». En premier lieu, M.Mehri a précisé que «la revendication d'un changement de régime n'est pas une accusation dirigée contre une personne, un parti, une institution ou une génération précise». Il a, aussi, récusé toute velléité d'assimiler son initiative à «une opposition à ceux qui assument les responsabilités du pouvoir». Pour Mehri, le pouvoir doit être partie prenante du processus de changement pacifique du système politique actuel. Il part, en ce sens, du fait que la démocratisation de la vie politique du pays ne se décrète pas. «Le changement du système de pouvoir est aujourd'hui une grande question nationale», a insisté l'ancien secrétaire général du FLN. Il a mis l'accent sur la nécessité de traiter cette question dans la plus grande franchise et transparence. C'est dans cette optique que M.Mehri à mis l'accent sur la proposition principale, contenue dans sa lettre: la tenue d'un congrès national pour amorcer le processus de transition démocratique. Ce congrès doit représenter, selon lui, toutes les forces vives de la nation. «Le changement pacifique du système politique qui répond aux réelles aspirations du peuple ne peut être, de mon point de vue, que le résultat des efforts conjugués de toutes les forces politiques et des compétences populaires», a-t-il expliqué. Qu'en est-il du rôle du pouvoir dans ce processus? «Il doit être partie prenante dans ce processus. Mais il ne peut ni l'enclencher ni lui définir la trajectoire à suivre. Le changement ne se décrète pas, il se construit», a souligné M.Mehri. Il a, par ailleurs, inscrit la reconversion des services de sécurité dans le cadre de la réhabilitation de la fonction des institutions de l'Etat. «Pour changer le système, il faut se pencher sur son fonctionnement», a-t-il préconisé. M.Mehri a rappelé, sur ce plan, le traitement réservé à des questions nationales de haute importance. «Elles ont été traitées en dehors de la loi», a-t-il déploré. Le conférencier a, en outre, estimé que la levée de l'état d'urgence est venue en retard. «Je remarque, aussi, que certaines dispositions de cette mesure d'exception, limitée dans le temps, ont été reprises dans la nouvelle loi sur la lutte contre le terrorisme et la subversion. Elles sont, ainsi, inscrites dans la durée», a relevé Abdelhamid Mehri.