Le promoteur tarde à installer son chantier et c'est déjà le désespoir parmi les bénéficiaires qui craignent une révision à la hausse du prix du logement. Un vide juridique et l'inexistence d'une réglementation qui préserverait les intérêts du citoyen ne peuvent justifier le calvaire de deux pères de famille. Ayant postulé à l'acquisition d'un logement dans le cadre de la formule LSP, ces deux pères de famille se débattent depuis plus de six années dans des procédures qui n'aboutissent pas. Messieurs Kacer Farid et Younsi Mohamed ont effectué en février 2006 le premier versement pour acquérir un logement dans le cadre du projet des 60 logements. En honorant cet engagement contractant, les acquéreurs auraient consulté les fiches techniques et les plans d'un projet de réalisation de 60 unités identiques d'une surface utilitaire de 78.96 m² pour un montant global de 1.830.000 DA. Selon les plaignants qui nous ont transmis leurs requêtes, l'entreprise aurait bafoué l'ensemble des clauses pour leur livrer des logements plus que singuliers, non conformes aux clauses contractuelles. Ainsi, la surface de 4 logements serait de 65 m² avec des chambres de forme trapézoïdale, des salles de bain réduites de moitié... Ayant tenté une solution à l'amiable, les plaignants auraient reçu un niet catégorique à leur proposition. Deux des postulants cités plus haut ont recouru aux autorités locales pour demander l'assainissement de la situation. Le silence de ce côté est plus que pesant. Dans une requête adressée au wali, le 21 mars 2009, les plaignants sollicitent l'intervention de ce responsable. Le 25 janvier 2011, une autre requête est adressée pour rappeler qu'après six ans, les deux citoyens n'ont ni logement, ni vente sur plan quand les autres bénéficiaires habitent déjà. Dans cette correspondance, les citoyens demandent la mise en application des conclusions du procès-verbal dressé par les services du secrétariat général en date du 3 juin 2009 et qui a conclu ce qui suit: «Les promoteurs seront convoqués par la Dlep et ce, pour traiter leur situation au cas par cas. Les services techniques et les commerces rajoutés, non conformes au permis de construire et validés par le comité technique de wilaya seront convertis en logements». Etaient présents à cette rencontre, les directions de wilaya concernées, les notaires, les promoteurs... Dans l'optique de préserver les intérêts des acquéreurs, la secrétaire générale avait alors insisté sur l'obligation faite aux entreprises d'établir les contrats de vente sur plan dès le versement de la première tranche, représentant l'apport personnel. Selon les plaignants qui se sont déplacés à notre bureau et les requêtes qu'ils nous ont remis, aucune suite n'a été donnée à leur cas. Ils soupçonnent même une complaisance de l'administration en charge du dossier qui, selon eux, fuit ses responsabilités au nom de ce vide juridique qui se résume à l'inexistence d'un cahier des charges. Ce cas n'est hélas! pas le seul qui caractérise le programme LSP à Bouira. 137 enseignants attendent depuis 4 années le début des travaux confiés à un promoteur public. Même si le terrain a fini par être retenu sur insistance du wali en personne, le promoteur tarde à installer son chantier et déjà le désespoir s'installe parmi les bénéficiaires qui craignent une révision à la hausse du coût du logement. L'assiette foncière affectée coûtera trois fois le prix de la première assiette. Les pouvoirs publics qui viennent de décider de mettre de l'ordre dans ce segment de l'habitat doivent jeter un regard sur les cas en suspens et au contentieux qui s'est accumulé depuis des années et qui a résulté de ce vide que beaucoup utilisent pour tirer profit sans se soucier de l'intérêt de leurs clients. Un petit calcul permet de confirmer ce constat. Combien gagne une entreprise quand une centaine de citoyens lui versent 40 millions de DA, quand la CNL lui débourse 70 millions de DA. Le simple dépôt d'une pareille somme engrange des intérêts colossaux au profit de l'entreprise quand le citoyen lui, se débat dans des difficultés pour rembourser ses dettes! En effet, le silence des pouvoirs publics discrédite et rend nuls tous les efforts consentis pour améliorer le quotidien du citoyen. En d'autres termes, c'est la crédibilité de tout un Etat qui est écornée.