Plusieurs milliers de personnes ont manifesté hier sur la symbolique place Tahrir dans le centre du Caire pour dire «non» aux amendements à la Constitution sur lesquels les Egyptiens se prononcent aujourd'hui lors d'un référendum. «A bas la Constitution», «le peuple veut une nouvelle Constitution», scandaient les manifestants dans ce haut lieu de la contestation qui a renversé le président Hosni Moubarak, acculé à la démission le 11 février. Les jeunes militants pro-démocratie ayant lancé le soulèvement populaire le 25 janvier avaient appelé à une nouvelle manifestation hier pour exprimer leur rejet des amendements et exiger une nouvelle loi fondamentale, en estimant que «rapiécer» la Constitution n'était pas suffisant. Les appels à voter «non» se sont multipliés ces derniers jours, notamment de la part des candidats déclarés à la présidence Amr Moussa et Mohamed El Baradei. La puissante confrérie des Frères musulmans, elle, a appelé à voter «oui» en jugeant que les amendements permettraient de «passer d'une période de transition à une période de stabilité». L'armée, qui gère le pays depuis la démission de M.Moubarak, avait chargé une commission de juristes de travailler à ces changements. Le panel a notamment proposé que le président de la République ne puisse plus effectuer que deux mandats consécutifs de quatre ans chacun et que les conditions de candidature à la magistrature suprême soient allégées. Parmi la population du Caire les opinions étaient partagées. «Je vais voter «oui» parce que cette révision va permettre de faire un pas en avant, d'avoir de nouvelles lois et un nouveau pouvoir en Egypte», estimait Mohamed Fawzi, un professeur. Pour Omar, un guide touristique, «il faut voter oui pour que l'armée s'en aille. Son rôle est de nous protéger des menaces extérieures». Par contre Osama al-Nahas, un ingénieur, estime que les changements proposés ne sont pas suffisants. «En cas d'élection nous aurons un président avec les mêmes pouvoirs, et nous aurons donc un autre dictateur», affirme-t-il. Pour Youssef Basily, un chômeur, «il faut tout changer et avoir une nouvelle Constitution. Les intentions de l'armée ne sont pas claires».