Tout ce que l'Afrique compte d'industrie sera soumis à l'analyse des experts. L'Afrique se cherche une stratégie industrielle. Les pays africains à travers leurs chefs d'Etat souhaitent renverser les rapports de force et changer la donne en la matière. Le moins que l'on puise dire est que cette tâche est très difficile et relève d'une entreprise de longue haleine. «Le secteur industriel en Algérie a perdu 5 points en 15 ans. Si on continue sur cette lancée favorisant les sociétés de service au détriment de l'industrie, l'apport de l'industrie dans le Produit intérieur brut (PIB) va atteindre les 2% à l'horizon 2020. Cela nous réduira à vendre uniquement des matières premières brutes», a affirmé le chargé des préparatifs de la 19e Conférence africaine des ministres de l'Industrie, Meksan Rachid. Comment organiser la coopération régionale et réaliser les synergies africaines pour atteindre l'Objectif du millénaire? C'est la question à laquelle tenteront de répondre les chefs d'Etat africains. Lesquels seront appelés à adouber les résolutions et recommandations sanctionnant la 19e Cami, une fois entérinées par les ministres des Affaires étrangères africains. Ladite conférence, organisée pour la première fois en Algérie, sera scindée en deux segments: le volet experts qui sera tenu les 27 et 28 mars au Palais des nations et le volet ministériel qui sera tenu les 30 et 31 mars. Le thème de cette conférence est intitulé «promotion de la compétitivité des industries africaines par l'augmentation et l'amélioration de la valeur ajoutée». L'Afrique devrait cesser d'être uniquement un réservoir des matières premières en mettant en place des processus d'industrialisation pour la transformation in-situ et créer ainsi la valeur ajoutée. La vente des matières premières à l'état brut s'est soldée par des dégradations totales, étant donné que les pays africains ne maîtrisent pas le marché de ces ressources naturelles encore moins les stratégies industrielles. La conférence, qui devra se prononcer sur des points cruciaux, sera accompagnée par deux partenaires essentiels, à savoir la Commission de l'Union africaine dont la commissaire chargée de l'Industrie se rendra à Alger très prochainement et l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel. Cette organisation vitale sur le plan de l'expertise industrielle n'intervient pas en termes de fond mais pour la mise en place des projets d'ingénierie. «Ces projets, qui doivent être bancables au préalable, sont réalisables pour peu qu'il y ait des financement initiaux sur les fonds propres des Etats», a précisé le chargé des préparatifs de la 19e Cami pour dire que «ces montages financiers, à savoir l'apport initial et le capital risque des banques internationales sont envisageables». «53 projets industriels sont identifiés. Ils sont relatifs au développement de l'environnement des affaires, l'amélioration des cadres juridique et politique, etc.», a-t-il ajouté. «Pour ce faire, la commission de la conférence a positionné 66 indicateurs de performance. La mise en place d'un cadre de suivi et de mise en oeuvre est aussi fondamental», a-t-on souligné. Le Nepad, qui a permis à travers sa démarche générale de trouver un cadre de réalisation optimal, prendra part à cette conférence. L'Onudi, prendra en charge la faisabilité des projets et l'Union africaine assurera le cadre politique de cette conférence. «La Libye, l'Egypte et la Tunisie n'ont pas confirmé encore leur participation alors que la présence de ces pays catalogués dans le sous-groupe de l'Afrique du Nord pèse sur la chaîne de solidarité nord-africaine», est-il relevé. «Jusqu'ici, 35 ministres et chefs de délégation ont confirmé leur participation, a-t-il indiqué. C'est la deuxième fois dans l'histoire qu'on atteint ce chiffre», a-t-il noté encore. Les banques africaines et européennes sont également conviées à cette rencontre où 300 invités au total sont attendus. Trois tables rondes seront organisées durant les deux journées (27 et 28 mars) autour de cette conférence. A savoir l'industrie agroalimentaire à propos de laquelle les pays africains vont discuter sur la possibilité de densifier les synergies en la matière, l'industrie pharmaceutique particulièrement la fabrication du générique et enfin la transformation de produits miniers.