Trois mesures annoncées par le régime de Bachar al-Assad devront partiellement répondre aux attentes du peuple. «D'après une directive du président Bachar al-Assad, toutes les personnes détenues lors des récents évènements ont été libérées», a rapporté hier la télévision d'Etat syrienne. Ces annonces interviennent alors qu'a été lancé hier, un nouvel appel à manifester dans tout le pays. Des mesures d'apaisement sont entreprises par le régime. En réponse aux requêtes du peuple, les mesures annoncées, jeudi, par le gouvernement vont dans le sens de leurs revendications. Dans ce contexte, Damas envisage d'annuler la loi sur l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, et mettre en place des mécanismes «efficaces» pour lutter contre la corruption, a déclaré jeudi Mme Boussaïna Chaabane, conseillère du président Bachar al-Assad. Après dix jours de contestations, sans précédent, le régime estime les revendications des habitants de Deraa, ville du Sud où les manifestations ont été les plus importantes et les plus meurtrières (selon les sources de l'opposition, il y aurait eu 100 morts mercredi à Deraa), sont «légitimes». «La Syrie va étudier l'annulation de la loi sur l'état d'urgence» décrété dans le pays à l'arrivée au pouvoir du parti Baas en 1963, a affirmé Mme Chaabane lors d'une conférence de presse à Damas. Elle a aussi ajouté que de «nouveaux mécanismes pour lutter contre la corruption vont être mis en place». L'agence de presse officielle Sana répercutant un communiqué du gouvernement a fait savoir qu'il y aurait une augmentation immédiate des salaires des fonctionnaires de 30%. Les salaires de moins de 200 dollars seront augmentés de 30%, et les salaires de 200 dollars et plus seront augmentés de 20%, indique le décret. Un militant des droits de l'homme, Ayman al-Assouad, a estimé à au moins 100 morts le nombre des victimes à Deraa suite à la répression des manifestations alors qu'un autre militant affirmait que le nombre de morts à Deraa et dans les localités voisines «dépassait les 150». A ce sujet, Mme Chaabane, démentant les chiffres donnés par les militants des droits de l'homme a affirmé qu'il y avait eu «10 morts». Elle a fait état d'une «enquête en cours» pour déterminer qui étaient les responsables de ces manifestations, évoquant cependant un «financement étranger». «Il y a des indications selon lesquelles il y a un financement étranger et un trafic d'armes (...) Mais nous ne pouvons dire qui finance ou planifie cela», a-t-elle toutefois expliqué. Mme Chaabane a également reproché aux médias étrangers d'exagérer le nombre de morts lors des manifestations. Les réactions internationales commencent cependant à se faire entendre. A ce titre, la diplomatie américaine a réagi jeudi avec circonspection aux promesses de réformes des autorités syriennes, soulignant que Washington attendait «des actes» et condamnait de nouveau les violences. «Les mots ne sont que des mots, ce sont bien sûr les actes que nous regarderons», a déclaré Mark Toner, un porte-parole de la Maison-Blanche. Paris a aussi dénoncé des «violences inacceptables» et Londres a appelé la Syrie à «respecter le droit de manifester».