Des milliers de chouhada n'ont toujours pas de tombes. Une conférence a été organisée à ce sujet. En mémoire à tous les moudjahidine tombés au champ d'honneur et dont les sépultures n'ont jamais été localisées à ce jour, en collaboration avec le quotidien El Moudjahid, l'association «Mechaâl Echahid» a organisé, jeudi un forum. Mohamed Chérif Abbas, représentant de cette association indique que «tous les leaders de la Révolution, à l'instar de Ben M'hidi, Amirouche, Si El Haouès, Lotfi, Boumendjel et autre Bouguerra, sont tombés au champ d'honneur au mois de mars. Pour certains, on ne connaît pas le lieu de leur sépulture. La plupart ont choisi un nom de guerre et c'est sous cette identité qu'ils auraient été enterrés. Malgré toutes les requêtes adressées aux autorités françaises afin qu'elles ouvrent leurs archives, le problème des chouhada sans tombes reste posé. Selon Mohamed Chérif Abbas, la fetwa autorisant les familles de faire leur deuil est très soulageante, mais beaucoup d'efforts restent à faire avant de clore ce dossier. Même des Français n'avaient pas hésité à franchir le pas en se rangeant du côté des opprimés. Afin de perpétuer leur mémoire, Mohamed Chérif Abbas a fait une intervention consacrée à Maurice Audin dont la sépulture n'a pas été retrouvée à ce jour. Autre invité de marque, l'ancien ministre de la Justice et avocat, M.Amar Bentoumi, qui a rendu un vibrant hommage à Ali Boumendjel. Après les études primaires, il est admis au collège de Blida où il fait la connaissance de Abane Ramdane, Saâd Dahleb, Benyoucef Benkhedda, M'hamed Yazid et Lamine Debaghine. C'est grâce à ce dernier qu'il découvre le militantisme. Ali Boumendjel décroche son Bac, s'inscrit à la faculté de droit, puis devient avocat. Le hasard a voulu qu'il s'inscrive au barreau de Blida où il croise le chemin d'un certain Lagaillarde qui deviendra par la suite un partisan de l'Algérie française. Ali Boumendjel est chargé de défendre les militants du FLN arrêtés ou emprisonnés. Il avait un contact direct avec Abane Ramdane et servait de trait d'union entre ce dernier et son frère également avocat, installé à Paris. Jusqu'à cette fatidique date du 23 mars où, contrairement aux déclarations d'un autre tortionnaire, Aussarèsses qui a affirmé qu'il s'est tué alors qu'il cherchait à s'évader, Ali Boumendjel est précipité à partir d'un immeuble sis à El Biar et trouve la mort. Ali Bouhamid, ancien moudjahid, a apporté un témoignage au sujet de Bouguerra tombé au champ d'honneur le 5 mai 1959. Le conférencier interpelle les autorités du pays afin de lever le voile sur le dossier des chouhada disparus ou enterrés sous x afin que leurs familles puissent faire leur deuil. Selon lui, des milliers de chouhada n'ont pas de tombes.