Pour la diplomatie algérienne, il n'appartient pas à la France ni à aucun autre pays de se donner l'autorisation d'exprimer son point de vue sur les positions régionales et internationales de l'Algérie. Que cachent les déclarations de Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, concernant «l'absence» de l'Algérie à la Conférence de Londres sur la Libye»? A partir de Constantine, le diplomate français s'est dit «navré» et a «regretté l'absence» de l'Algérie à cette réunion. Selon les observateurs, une telle déclaration, émanant du premier représentant officiel de la diplomatie française en Algérie, est loin d'être innocente. La France cherche-t-elle à impliquer l'Algérie dans sa stratégie? Contactée par L'Expression, à ce sujet, une source autorisée du ministère des Affaires étrangères a apporté ces éclaircissements. «D'une manière générale, laissez-moi vous dire que l'Algérie apprécie et détermine, à l'aune de sa propre évaluation de l'agenda et du contexte, sa participation ou non à tel ou tel forum international.» La position algérienne ne souffre d'aucune ambiguïté. A travers cette clarification, l'Algérie réitère sa position concernant la souveraineté du pays à participer ou non à un événement par lequel elle est directement ou indirectement concernée. Pour l'Algérie, cette question concerne au premier chef le peuple libyen que tous les autres pays doivent respecter et cesser de s'ingérer dans les affaires internes de ce pays. «Pour revenir à votre question, nous estimons, d'une part, qu'il appartient au peuple libyen, et à lui seul, de déterminer souverainement et en toute liberté son avenir et d'autre part, nous inscrivons notre démarche dans l'action collégiale menée par l'Union Africaine», ajoute notre source. Il est clair que l'action de l'Algérie s'inscrit dans une démarche et un cadre légaux, soutenant les actions décidées par l'Union Africaine. «Comme vous le savez, l'Union Africaine n'a pas participé à la réunion de Londres et le Comité ad hoc de haut niveau de l'UA ne ménage pas ses efforts pour trouver l'occasion de présenter à toutes les parties libyennes la feuille de route sur la solution politique à la crise libyenne qui a été adoptée lors de la réunion consultative qui s'est tenue le 25 mars à Addis Abeba», a encore indiqué notre source. Justement, au sujet de cette réunion d'Addis Abeba, notre interlocuteur a rappelé que «cette même réunion consultative a mis en exergue l'importance de la nécessité d'une consultation et d'une coordination organisées, sous les auspices de l'UA, de la Ligue des Etats arabes, de l'OCI, de l'UE et des Nations unies, pour faciliter le succès des efforts internationaux pour le règlement rapide, juste et durable de la crise libyenne». Depuis le début de la crise libyenne, la France s'est mise au premier rang de l'interventionnisme international en jouant un rôle primordial dans les sanctions infligées à la Libye. Paris a réussi à convaincre les puissances occidentales du Conseil de sécurité de l'ONU quant à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye. Depuis, la France ne rate aucun événement pour s'ériger en chef d'orchestre. Dans cette perspective, il reste à savoir si l'Hexagone ne cherche pas à «engager» l'Algérie dans son plan d'action. Le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, avait, dans une interview accordée à L'Expression parue il y a dix jours, clairement défini la position de l'Algérie en affirmant: «Je n'accepterai pas qu'un pays se donne l'autorisation d'exprimer des points de vue sur la manière dont les Algériens gèrent leurs problèmes.»