La stratégie énergétique de l'Algérie après la catastrophe de Fukushima est étudiée sous toutes les coutures par des chercheurs. Des journées de l'énergie étaient organisées jeudi au siège la direction générale de la Sonatrach avec la participation de chercheurs dans le domaine de l'énergie. Le thème a pour intitulé: «Le futur d'un monde sans pétrole: les opportunités pour l'Algérie». «La vision que le monde avait du nucléaire était celle d'un mal nécessaire. Les scénarios de l'AIE lui prédisaient même un bel avenir avec le déclin du pétrole. Cependant, le tsunami du Fukushima a remis en cause cet unanimisme quant aux vertus du nucléaire. Il y a donc un avant et un après Fukushima. Dans le cas de l'Algérie, je suis convaincu que le nucléaire ne pourra pas être la solution à nos problèmes énergétiques.» C'est ce qu'a expliqué le professeur Chems Eddine Chitour, directeur du Laboratoire de valorisation des énergies fossiles à l'Ecole nationale polytechnique. Il a animé une conférence pour démontrer l'engouement pour les énergies renouvelables comme solution alternative. Il aborde aussi la stratégie énergétique de l'Algérie. Le Pr Chitour précise que «rien de pérenne ne restera si dans le domaine des potentiels non renouvelables, une vérité des prix et une politique réaliste n'étaient pas mis en oeuvre. Il faut prendre le parti d'être impopulaire au départ pour expliquer des mesures utiles et incontournables à long terme. Reculer les échéances, fera certes gagner du temps et acheter une paix sociale précaire, mais l'addition ne sera que plus salée, quand la réalité nous condamnera à appliquer par exemple la vérité des prix d'une façon brutale et irréversible». Pour poser la problématique sur la stratégie énergétique qu'adoptera l'Algérie, il reprend la citation de Pythagore qui dit: «Le spectacle du monde ressemble à celui des Jeux olympiques: les uns y tiennent boutique; d´autre paient de leur personne; d´autres se contentent des regarder.» Le professeur Chitour a précisé que «dans toutes les prévisions de consommation jusqu'à un passé récent, il n'est nulle part tenu compte de l'entrée progressive et importante et incontournable des énergies renouvelables dans les bilans énergétiques de l'Algérie telles que le solaire, l'éolien, le géothermique; dans les statistiques actuelles, elles sont infimes.». Les journées de l'énergie, qu'a initiées le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique étaient une occasion pour les chercheurs algériens d'expliquer aux gouvernants algériens les défis du futur des énergies en Algérie. M.Bouterfa, P-DG de la Sonelgaz, est intervenu lors des travaux. Selon lui, «l'événement du japon est venu bien à propos par rapport à notre réflexion. Aujourd'hui, j'ai des réserves quant au nucléaire mais sans pour autant l'abandonner. Il y a des convergence au niveau de l'économie et de l'Etat pour nous lancer dans le secteur de l'énergie renouvelable». D'autres intervenants ont souligné que la réussite de la mise en oeuvre de la stratégie des énergies renouvelables nécessite «une bonne gouvernance». La question qui reste posée est celle de savoir quelle politique énergétique adoptera le gouvernement une fois passée l'émotion de Fukushima? Après la catastroph de Fukushima au Japon, ou la faillite des stations nucléaires, les pouvoirs publics en Algérie se montreront-ils plus vertueux dans le domaine de l'énergie? Leur gestion pour le secteur énergétique sera-t-elle plus rigoureuse? Au pays du pétrole et du gaz, la nécessité de s'orienter vers les énergie renouvelables se fait ressentir. Bref, quarante ans après la nationalisation des hydrocarbure, le passage aux énergies renouvelables permettra de se démarquer progressivement des énergies d'origine fossile. Il est aussi question d'évoquer la qualité de gouvernance dans notre pays. Comment encourager des politiques qui contribuent à l'envolée nucléaire en évitant les risques y afférents?