Face à ce nouveau contexte, l'Algérie revoit sa stratégie sécuritaire et prévoit prochainement une réunion des chefs d'Etats-majors des pays du Sahel. Profitant de la levée de l'état d'urgence, le Gspc, branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb, vient de réussir un véritable coup médiatique en perpétrant un lâche attentat qui a coûté la vie à plusieurs militaires à Yakourène en Kabylie. Selon des sources sécuritaires très au fait du contexte, cela ne fait aucun doute, le groupe terroriste, composé de cinquante éléments dirigés par le tristement célèbre Abdel Malek Droukdel, alias Abou Mosaâb Abdel Wadoud, a reçu un renfort en armement en provenance de la Libye. «On n'est pas très surpris par la violence de ces attaques», soulignent ces sources, qui ont rappelé que «l'Algérie n'a pas manqué, à chaque occasion, de prévenir que les armes acquises par la nébuleuse en Libye vont servir à renforcer les groupes terroristes» et plus particulièrement les groupes terroristes activant au Sahel et en Algérie, notamment où se concentre le noyau dur de la nébuleuse. Relevant que cet attentat contre les forces de l'ANP survient juste avant le discours adressé à la nation par le Président Bouteflika, nos sources estiment que cet acte lâche en dit long sur la situation des groupes armés qui écument encore les maquis. «C'est une réaction désespérée par rapport au contenu du discours. Les tenants de l'option armée traduisent un message des groupes terroristes qui veulent dire au peuple que le chef de l'Etat a échoué à faire ramener la paix», décryptent nos sources. Il est évident que les criminels oeuvrent inlassablement à bloquer l'Algérie sur le thème sécuritaire afin de retarder les réformes politiques annoncées par le président de la République. Le changement auquel aspire l'Etat algérien intervient, malheureusement, dans un contexte très complexe sur le plan sécuritaire et au moment où «les groupes armés au service de la déstabilisation et au profit de clans occultes ont réussi à s'approvisionner en armes lourdes grâce aux rançons acquises en échange des otages», ajoutent les mêmes sources très au fait du dossier sécuritaire. Dans le même registre, nous sources avertissent sur le nombre effarant d'armes en provenance de Libye en circulation actuellement au Sahel, jugeant la situation «très inquiétante» dans cette partie où sont braqués les regards des puissances occidentales. Pour nos sources, l'intervention militaire en Libye a aggravé la situation sécuritaire, en permettant à la rébellion libyenne de se fournir en armes après les attaques contre les bases militaires en Libye. En effet, les éléments d'Al Qaîda détiennent à présent une grande quantité d'armes dont des missiles antiaériens. Ces derniers ont réussi à faire pénétrer, comme nous l'avions rapporté dans l'une de nos précédentes éditions, ces armes en Algérie. Celles-ci en provenance de Libye, transitent par le Mali en passant par le Tchad avec la complicité des milices touarègues. Le pire est à craindre, surtout si les armes parviennent sans contrôle à la rébellion. Selon des témoignages livrés à L'Expression par une ressortissante libyenne, «les cartons en provenance de la coalition des 15 pays anti-Gueddafi, contiennent des armes en place et lieu des vivres et des médicaments». Selon nos sources, la réflexion est déjà engagée en Algérie sur le retour au «tout-sécuritaire». Dans le même ordre d'idées, nos sources estiment qu' «il y a une volonté de la part de certains cercles étrangers de provoquer, coûte que coûte, le chaos en Algérie, pays qui a résisté au vent des révoltes arabes. Plus l'Algérie est déstabilisée, plus les affaires de ces cercles occultes se porteront mieux». Face à ce nouveau contexte, notamment dans la région du Sahel, les services de sécurité algériens annoncent la mise en place d'une stratégie globale pour contrecarrer toute velléité de déstabiliser le pays. Cette stratégie inclut la collaboration indispensable des Etats voisins. Nos sources n'écartent pas prochainement une réunion de haut niveau des Etats-majors des pays du Sahel.