«Nous voulons nos primes et des compensations pour le travail de nuit», revendiquent les dockers. Les dockers et autres employés de l'Entreprise portuaire d'Alger sont en colère. Ils menacent de déclencher une grève dans 10 jours. C'est le délai qu'ils accordent à leur directeur général pour satisfaire leurs revendications. Ils veulent obtenir des primes et un repos compensatoire lorsqu'ils effectuent un travail de nuit. Hier, les représentants des travailleurs ont tenu une réunion houleuse au siège de leur syndicat Ugta, tout juste à côté des quais du port. Le secrétaire général du syndicat, Halim Boukrouh, était présent et une pression terrible était exercée sur lui pour le contraindre à arracher de nouvelles concessions à leur direction générale. Le chef du syndicat a promis de reprendre langue avec celle-ci. Mais il ne donne pas de faux espoirs aux dockers. Il avoue franchement, dans un brouhaha indescriptible, que le directeur général a déjà opposé une fin de non-recevoir à la demande d'octroyer 1500 DA pour la journée lorsque les employés effectuent un travail de nuit. Le régime est déjà appliqué pour les klarkistes qui opèrent sur chariots élévateurs. Ils ne veulent plus de ce système discriminatoire, selon les propos de plusieurs travailleurs qui nous ont exprimé leur détermination à déclencher une grève dans le port dans dix jours si la direction persiste dans son refus de répondre à leurs doléances. Cette même direction refuse de leur accorder un repos compensatoire pour le travail de nuit. Ils veulent, par exemple, deux jours de récupération puisqu'ils travaillent pendant 13 heures successives, ce qu'ils appellent la double nuit. La proposition des dockers consiste à intégrer les heures de travail de nuit dans le calcul de la retraite au lieu que le pécule soit considéré comme des primes. En somme, ils n'admettent pas de travailler la nuit pour qu'ils soient au labeur le lendemain matin sans aucun avantage. Pour refuser de répondre à leurs doléances, la direction prétend que les dockers ne sont pas obligés de travailler la nuit. «Comment peut-on laisser échapper 9000 Dinars par mois lorsqu'on cumule 34 heures de travail ou trois double nuits?» «On n'a pas le choix», disent certains dockers rencontrés lors de la réunion d'hier. Les 3000 travailleurs du port n'en peuvent plus que certains de leurs camarades ne soient payés qu'à hauteur de 2,8 millions de centimes. Si les primes demandées sont accordées, leur salaire subira une petite amélioration. Ils veulent une prime de tonnage, une prime de salissure et une prime de risque. Il semblerait que la réponse de la direction soit rejetée par les travailleurs lorsqu'il s'agit de la prime de 1500 DA. Un instant, on a cru que la direction allait accepter cette proposition mais il n'en fut rien. C'est donc le flou sur de ce point. C'est encore plus compliqué lorsque la situation des contractuels et des journaliers est évoquée. Devant la baisse du volume de trafic au port d'Alger, les journaliers n'ont que peu de travail à effectuer. Ils gagnent 1000 DA par jour. Il leur arrive de ne travailler qu'un jour pendant tout le mois. Leur espoir réside dans le déchargement de la marchandise non conteneurisée. Le bois, les barres de fer et les bananes refont petit à petit leur apparition. Les journaliers ont des contrats de 3 mois. Pour fédérer leur combat, les travailleurs appellent à la solidarité. Les agents de pilotage qui manoeuvrent les bateaux au port ont aussi leurs primes comme les klarkistes et ils soutiennent les revendications des dockers.