FLN, RND et MSP censés former une alliance, n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le système politique à adopter. L'Alliance présidentielle risque-t-elle une profonde fissure où s'alignera-t-elle sur la décision finale du président de la République? Le projet de révision de la Constitution annoncée par le chef de l'Etat, lors d'un discours à la nation, le 16 avril dernier, suscite le bouillonnement de la classe politique et de ses différentes composantes. Face aux événements de ces dernières semaines et la menace sur la stabilité du système politique, dans la conjoncture, en plus, que celle du Monde arabe marquée par les révoltes, il était nécessaire que le chef de l'Etat se prononce. Cependant, les réactions ne se sont pas fait attendre. Après avoir exclu d'office le recours à une Assemblée constituante, le Président Bouteflika a donné sa préférence à une «révision» de la loi fondamentale. C'est là qu'interviennent les appréciations qu'en donne l'Alliance présidentielle, en théorie soutien et porte-voix du programme présidentiel. Mobilisée autour du programme présidentiel, lancée le 16 février 2004, l'Alliance a toujours voulu rester fidèle à ce serment. Ayant souvent réussi à dépasser leurs divergences, parfois paralysantes, parfois minimes au point de passer inaperçues, les partis constituant l'Alliance présidentielle se retrouvent depuis le 16 avril au coeur d'un débat à tout le moins controversé. Le point de discorde entre les membres de l'Alliance, à savoir, le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP), réside toutefois dans le choix du régime politique. «Le régime le plus adéquat est le régime parlementaire», a souligné M.Belkhadem, secrétaire général du FLN. Il s'est, toutefois interrogé sur «la possibilité de son application actuellement», estimant que «la conjoncture actuelle nécessitait un régime présidentiel (...) à même d'enraciner la démocratie en se basant sur les principes de la transparence et l'élargissement de la participation pour parvenir à un régime parlementaire». Quant au RND, son secrétaire général, M.Ouyahia, ne semble pas voir la nécessité des réformes politiques puisqu'il estime qu'il y a pas de crise politique en Algérie! Il s'est déclaré cependant, «partenaire» des réformes engagées. Il appelle d'ailleurs, à demi-ton, à une continuité d'un «système semi-présidentiel». De son côté, Bouguerra Soltani, le président du MSP, se prononce pour la «clarification du système politique» tout en optant pour un «système parlementaire». Les trois partis censés former une alliance, ne sont décidément pas d'accord sur la démarche à suivre pour parvenir à la mise en oeuvre du système politique le mieux-disant pour le pays. Il est toutefois à noter qu'à la base, le MSP et le FLN sont d'accord sur le principe qu'un système parlementaire serait le plus adéquat à appliquer. Hors, M.Belkhadem estime que le peuple algérien manque de «culture démocratique», et que par conséquent - suivant son raisonnement - il serait impossible d'adopter, pour le moment, un tel système. Selon les déclarations de M.Belkhadem, il semble plus clair que les perpétuels dirigeants de l'Algérie, n'ont nullement l'intention d'ouvrir le champ politique au peuple. Ils ont l'intention de continuer à gouverner selon leur vieille méthode, excluant d'office tout rafraîchissement du paysage politique. De son côté, le RND habitué à temporiser, semble attendre d'où souffle le vent afin de s'aligner. Selon la conjoncture actuelle, deux scénarios se dessinent. La discorde continue et se corse, entraînant l'Alliance dans un bras de fer, qui pourrait engendrer sa dissolution. Le MSP pourrait effectivement tirer sa révérence, surtout que les tensions augmentent de plus en plus entre le duo formel (FLN-RND) et le MSP qui se sent marginalisé. Le second scénario envisageable, serait qu'après des négociations au sein de l'Alliance, les trois partenaires s'uniront autour d'un système politique précis qui serait préconisé par le président de la République.