A travers ces contestations, c'est toute la défaillance de notre système de gouvernance qui se décline. Depuis plusieurs semaines, des mouvements de contestation marquent le quotidien des Algériens touchant toutes les composantes de la société: chômeurs, étudiants, enseignants contractuels, adjoints d'éducation, corps de la santé, syndicats autonomes, organisations des droits de l'homme, police communale, agents communaux, comité des chômeurs du Sud, radiés de la police, anciens de l'ANP, Protection civile, victimes du terrorisme, SOS disparus, journalistes et partis politiques. Chacun, de son côté, a mené des actions de contestation pour crier sa colère et exprimer son ras-le bol. Ces mouvements se sont étendus aux grèves, sit-in et rassemblements devant les institutions. Les demandes sont nombreuses et variées: amélioration des conditions socioprofessionnelles, liberté syndicale, réintégration des personnes licenciées abusivement, un travail décent, une allocation chômage, la pérennisation des contractuels et une protection contre le travail précaire, sont autant de revendications formulées par les protestataires. Le gouvernement a souvent répondu par des promesses, mais sans pour autant réussir à calmer la situation. Les appels à de nouvelles actions de protestation dans la rue sont une preuve incontestable d'un manque flagrant de communication et de débat. Plus encore, pour les observateurs, il s'agit tout simplement d'une défaillance de gouvernance. Ainsi, les agents de la police communale menacent de réinvestir la rue, mardi prochain, pour réclamer à leur tutelle la concrétisation des résolutions arrêtées le 8 avril dernier. Les étudiants eux aussi, après avoir réussi une marche gigantesque, à Alger le 12 avril dernier, menacent d'entamer une autre marche le 2 mai prochain pour les mêmes revendications, en l'occurrence la démocratisation de l'Université et la prise en charge des volets socio-pédagogiques. Les chômeurs ne sont pas en reste. Ils comptent se faire entendre le 1er mai prochain, à l'occasion de la Fête des travailleurs. S'ajoutent, les corps de l'éducation nationale, qui à leur tour, menacent, d'ores et déjà, de radicaliser leur mouvement de grève, si leur tutelle ne repond pas à leurs revendications dans les plus brefs délais. Certes, la grève décidée pour les journées des 25 et 26 avril a été reportée, histoire d'offrir encore du temps à la tutelle mais cette dernière répondra-t-elle à leurs doléances? Pour sa part, le corps de la santé ne décolère pas. Les médecins résidents entament ainsi leur quatrième semaine de grève sur fond de crise. Les négociations avec leur ministère de tutelle semblent aller vers l'impasse. Pire, la situation se complique davantage avec la fiche de voeux instaurée dernièrement par le département de Djamel Ould Abbès pour l'affectation des nouveaux diplômés dans le cadre du service civil obligatoire. Cela, au moment où les médecins résidents exigent l'ouverture de postes budgétaires avec un salaire motivant et un plateau technique adéquat à la place du service civil. De son côté, le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) revient à la charge en décidant de recourir à une grève, dont la date «reste à fixer». En définitive, la contestation sociale en Algérie évolue selon un mouvement pendulaire mais il faut bien que le pendule s'arrête un jour...Quand, comment et qui arrêtera ce mouvement, ces mouvements? Là est toute la problématique.