Les chefs de parti se précipitent les uns et les autres pour faire entendre leur voix et prendre un train déjà en marche. La scène politique nationale se réanime. Les partis politiques se sont réveillés de leur profond sommeil. Les dernières réformes annoncées par le chef de l'Etat, notamment, à l'issue du Conseil des ministres de lundi dernier, ont poussé les leaders des partis à courir dans tous les sens. Les canaux de communication sont différents et divers. Entre réunions des bureaux politiques, sorties sur le terrain, meetings et rencontres de concertations, chaque parti ne souhaite pas se laisser dépasser par les événements. Les chefs de parti se précipitent les uns et les autres pour faire entendre leur voix et prendre le train qui est déjà en marche. Concernant les soi-disant grands partis, l'enjeu est de savoir qui sera la locomotive de ces réformes. C'est l'enjeu capital et secret entre les formations de l'Alliance présidentielle, à savoir le FLN, le RND et le MSP. Les vieilles animosités qui existent entre les partis coalisés se sont vues effacées avec la désignation, par le chef de l'Etat, de Abdelkader Bensalah issu du RND, président du Conseil de la Nation, pour mener les consultations avec les partis politiques. Pour deux autres alliés, le FLN et le MSP, il s'agit d'un point déjà perdu au profit de leur allié. Les uns se réjouissent déjà, tandis que les autres affichent des réticences, des réserves et quelques inquiétudes. Jeudi dernier, six formations se sont réuni pour débattre le sujet. Il s'agit des Parti du Renouveau algérien (PRA), Mouvement de la Jeunesse et de la Démocratie (MJD), le Parti du Rassemblement pour l'Algérie, le mouvement «El Infitah», le Mouvement pour la nature et le développement et le Parti national pour la solidarité et le développement. Même si les représentants de chacun de ces partis ont qualifié d'historiques les réformes, ils n'ont pas manqué, toutefois, d'afficher quelques réticences. Ils souhaitent que les révisions de la Constitution ainsi que des lois sur les partis politiques et la loi électorale se fassent d'une manière «positive» afin de garantir la participation de tous les partis à la vie politique. Certaines formations, à l'image du PRA, ont annoncé la mise en place de commissions techniques chargées de présenter des approches sur ces révisions avant leur enrichissement par les partis et leur soumission au président de la République. Pour le MJD, la rencontre de jeudi a ouvert la voie de la concertation dans le but de dégager un mémorandum qui sera présenté au chef de l'Etat. Outre les rencontres de concertation, certains partis ont préféré aller à la rencontre des citoyens, leurs militants, notamment. A parti de Tlemcen, le président du Front national algérien (FNA), M.Moussa Touati, a plaidé jeudi pour l'ouverture d'un «dialogue direct» avec les partis politiques sur ces réformes. A travers ce dialogue, le FNA estime que le peuple doit être informé sur les propositions de tous les partis consultés. Quant au mouvement Ennahda, son secrétaire général, Fatah Rebaï, n'a pas caché ses craintes de voir les réformes annoncées vidées de leur véritable contenu par les parties qui s'y opposent, pour être remplacées par «les solutions provisoires qui ne favorisent pas le règlement de la crise», a-t-il dit jeudi dernier, lors la session extraordinaire du conseil consultatif du parti. Et d'ajouter que cette situation ne favorisera pas le règlement de la crise, au grand bonheur des parties qui s'y complaisent. Ne s'arrêtant pas là, le même homme politique n'a pas caché son étonnement quant au fait de confier au gouvernement la supervision des ateliers prévus pour les révisions des lois évoquées. De son côté, le Front des forces socialistes a choisi la voie des meetings pour exprimer sa position. Le secrétaire général du parti, Karim Tabbou, animera aujourd'hui un grand meeting à El Harrach, Alger, pour apporter des éclaircissements à ses militants, en expliquant la vision du FFS sur la même question. Au rang des partis de l'alliance, le RND, parti de Ahmed Ouyahia, une réunion du bureau national est prévue pour aujourd'hui. Le RND souhaite entrer directement dans le vif du sujet. Il est prévu, lors de cette réunion, de procéder à l'installation de quatre ateliers afin d'élaborer la feuille de route du RND inhérente à ces réformes. A quelques jours de l'annonce des réformes et avant le début des consultations avec la classe politique, chaque parti affûte ses armes pour défendre ses positions.